« La politique de limitation des naissances n’est plus à l’ordre du jour en Tunisie, mais c’est plutôt l’approche de la planification des grossesses qui est actuellement adoptée par l’Office national de la famille et de la population (ONFP) », a fait savoir le président directeur général de l’Office, Mohamed Douagi.
Dans une interview exclusive accordée Mohamed Douagi a souligné que les méthodes contraceptives réduisent la mortalité maternelle et infantile, ainsi que les risques de grossesses non désirées et les complications liées aux grossesses répétées.
Dans ce contexte, il a signalé que l’Office s’approvisionne régulièrement en moyens contraceptifs qu’il distribue ensuite à ses délégations et centres régionaux, ainsi qu’aux centres de soins de santé de base dans diverses régions du pays, où ils sont fournis gratuitement à ceux qui en ont besoin.
Douagi a indiqué que malgré les difficultés, l’Office continue d’assurer de nombreuses activités via ses structures fixes et mobiles pour offrir des services médicaux et éducatifs en matière de santé reproductive dans différentes régions.
Il a ajouté que le personnel de l’Office intensifie ses efforts pour fournir des services de santé reproductive, sensibiliser à l’importance du dépistage du cancer du sein et du col de l’utérus, et éduquer sur la violence à l’égard des femmes à travers des caravanes de santé mobiles et d’autres activités sur le terrain dans les établissements éducatifs, les universités, les usines, et autres.
Le responsable a rappelé que l’Office compte 24 délégations régionales, 37 centres de santé reproductive, 22 espaces amis des jeunes, et 10 centres de conseil et de dépistage gratuit et anonyme du virus du sida.
« Chaque année, l’ONFP réalise près de 110 000 examens cliniques, couvrant ainsi 7 % de la population cible au niveau national », a-t-il fait savoir.
Dans ce contexte, le président directeur général a évoqué plusieurs initiatives lancées par l’Office, comme la manifestation « Le Train Rose » qui est une caravane de santé organisée chaque année en octobre pour le dépistage du cancer du sein outre la mise en place d’une unité de dépistage par mammographie au sein de la délégation régionale d’Ariana, qui assure l’examen de 1200 femmes par an.
Mohamed Douagi a également évoqué les efforts de l’Office pour soutenir les femmes victimes de violence, en partenariat avec des ministères, des structures gouvernementales et des organisations de la société civile, à travers des programmes de sensibilisation visant à promouvoir une culture de prévention de la violence et à informer sur les services disponibles pour les femmes victimes de violence, notamment en matière de santé mentale.
Il a également indiqué que les délégations régionales de l’Office ont commencé à mettre en place des activités pour rapprocher les services médicaux et éducatifs des personnes en situation de handicap, notamment en formant des cadres, en produisant des documents en langue des signes et en braille, et en établissant des partenariats avec des organisations actives dans ce domaine pour offrir des services de santé reproductive aux personnes en situation de handicap.
En ce qui concerne les avortements chirurgicaux, il a précisé que ces opérations ne sont disponibles qu’au niveau de la délégation régionale de Sousse en raison de la fermeture des salles d’opération à Tunis.
Selon les données de l’Office, 28 avortements chirurgicaux ont été réalisés à Sousse en 2023 contre 19500 avortements médicamenteux durant la même période.
D’autre part, le président directeur général de l’Office a révélé des problèmes auxquels l’institution fait face, notamment le manque de ressources humaines et la vétusté du parc automobile et des bâtiments.
Il a indiqué que depuis 2017, 250 employés de diverses spécialités sont partis à la retraite sans être remplacés, jusqu’en 2024.
« Bien que des recrutements soient nécessaires pour combler ce manque, que ce soit au niveau des sages-femmes, des éducateurs, des chauffeurs ou des gardiens, le ministère des Finances n’a approuvé que 51 nouveaux recrutements pour l’Office dans la loi de finances 2025 », a-t-il fait remarquer.
Mohamed Douagi a également mis en lumière le vieillissement du personnel, en particulier parmi les sages-femmes et les éducateurs indiquant que sur un total de 136 sages-femmes, 77 ont plus de 50 ans, et sur 283 éducateurs, 212 ont dépassé cet âge, ce qui affecte leur rendement et limite leur capacité à se déplacer dans les zones reculées, selon le responsable.
Il a, en outre, reconnu l’absence de responsables à la tête de certaines délégations régionales, notamment à Siliana, Nabeul, Le Kef, Béja, Kébili, et Tataouine, suite au départ à la retraite des délégués sans qu’ils aient été remplacés.
Par ailleurs, Douagi a assuré qu’il existe une volonté gouvernementale de haut niveau pour résoudre ces problèmes afin que l’Office national de la famille et de la population retrouve son dynamisme et joue pleinement son rôle dans la mise en œuvre de la politique nationale de population en matière de planification familiale et de santé reproductive, conformément aux orientations générales du pays.
Avec TAP