Dans la conférence de presse qu’il a tenue le 19 octobre à Istanbul en compagnie du chancelier allemand Olaf Scholz, le président turc Recep Erdogan a affirmé : « Un pays qui tue 50 000 personnes et blesse 100 000 autres ne doit pas être soutenu, mais forcé d’arrêter sa guerre. » Réponse du chancelier allemand : « Nous avons un avis différent sur la question. Pour nous, Israël a le droit de se défendre contre le terrorisme et il est de notre devoir de l’aider. »
Quelques jours plus tôt, sa ministre des AE, Annalena Baerbock, est allée beaucoup plus loin que lui dans l’indécence démoniaque et l’immoralité. Après plus d’un an de guerre génocidaire contre le peuple palestinien, la Baerbock non seulement encourage Israël, mais l’incite à aller de l’avant et à massacrer encore plus : « Pour se défendre contre le terrorisme, dit-elle, Israël a le droit de violer les lois internationales et de tuer des milliers de personnes » !!!
L’Allemagne officielle n‘encourage pas seulement Israël par le discours. C’est le deuxième exportateur d’armements à Israël. Et à ce titre sa responsabilité est à peine moins grande dans le génocide perpétré par Israël à Gaza que celle des Etats-Unis.
Cela fait 80 ans que les élites politiques allemandes successives se transmettent, comme dans une course de relais, le lourd fardeau éreintant du sentiment de culpabilité à la suite de la tuerie massive perpétrée par le régime nazi qui avait sévi en Allemagne et dans le monde entre janvier 1933 (élection d’Hitler) et mai 1945 (écrasement de l’armée nazie et suicide d’Hitler).
Que ces élites s’accrochent à leur sentiment de culpabilité comme à la prunelle de leurs yeux, cela les regarde. Mais qu’elles tentent de s’absoudre du génocide perpétré par les Nazis il y a huit décennies en soutenant un autre génocide qu’exécute depuis plus d’un an la machine de guerre sioniste avec les bombes américaines et allemandes, cela dépasse l’entendement.
Certains chercheurs en psychanalyse penseraient peut-être un jour à se pencher sur le cas personnel de Mme Baerbock et répondre à la question : comment cette femme, après plus d’un an de massacres massifs quotidiens par des bombardiers chargés de bombes d’une tonne lancées sur une population civile sans défense, peut-elle encourager la meute génocidaire enragée de Tel-Aviv à aller de l’avant? Qu’a-t-elle d’humain cette femme?
On peut déplorer et mépriser les attitudes, les déclarations et l’aide massive des élites occidentales en faveur d’Israël, mais on ne peut en aucun cas s’en étonner. Car, quand les Américains, les Britanniques, les Allemands, les Français et autres Occidentaux nous répètent jusqu’à la nausée qu’Israël a le droit de se défendre, ils parlent en fait des droits qu’ils se sont octroyés eux-mêmes et exercés pendant des siècles. C’est-à-dire les droits à l’occupation et à l’agression. Et même le droit à la liquidation de populations entières pour prendre leurs places, comme dans les cas des Indiens d’Amérique ou des Aborigènes d’Australie.
Les Occidentaux voient en Israël, cet Etat paria abhorré par l’écrasante majorité de l’humanité, le miroir qui leur reflète leur passé qu’ils sont en train de revivre à travers ce rejeton qu’ils ont implanté au cœur du Moyen-Orient. Ils partagent avec lui les mêmes gènes de l’agressivité, de la propension à la violence, de la prédisposition au massacre.
Comment oublier les génocides perpétrés en Amérique et en Australie? Et les carnages du colonialisme britannique et français en Afrique, en Asie et ailleurs? Et les horreurs de l’apartheid conçu et imposé par les Boers hollandais au sud du Continent noir? Autant d’éléments historiques qui nous éclairent sur la détermination des Occidentaux à soutenir, protéger et chérir Israël quoiqu’il fasse et quels que soient les crimes qu’il commet, fussent-ils de nature génocidaire.
Mais ce soutien pathologique dont bénéficie Israël s’explique aussi par le bouillonnement géostratégique dans le monde. L’Occident qui a dominé la planète pendant cinq siècles voit de nouvelles forces émerger et lui contester son hégémonie. Sa panique le pousse à commettre des erreurs fatales qui vont accélérer la fin de sa domination planétaire comme la guerre absurde en Ukraine et le génocide horrible à Gaza.