L’agence de notation européenne Scope Ratings a abaissé, le 18 octobre 2024, les notes françaises d’émetteur à long terme et de dette souveraine en monnaie locale et étrangère de AA à AA-. Mais elle a révisé les perspectives de négatives à stables. Une mesure qui constitue un nouvel avertissement sur l’état difficile des finances publiques françaises et les obstacles politiques apparus pour contenir le déficit budgétaire élevé.
L’agence européenne de notation de crédit, Scope Ratings, a abaissé la note de la France de « AA » à « AA-« , avec une perspective stable. La ramenant ainsi au même niveau que la Belgique et la République Tchèque, trois crans en dessous de la note la plus élevée.
« La détérioration continue des finances publiques et les perspectives politiques difficiles ont conduit à un abaissement de la note ». C’est ce qu’indique Scope Ratings, dans un rapport publié vendredi.
L’abaissement de la note de la France par Scope intervient une semaine seulement après que Fitch a abaissé la perspective de la note de crédit du pays de « stable » à « négative ».
Le prochain est Moody’s
Par ailleurs, le gouvernement Barnier pourrait subir un nouveau coup dur dans une semaine. Et ce, lorsque la notation prévue par Moody’s sera annoncée. En outre, S&P, qui avait dégradé la note de la France plus tôt cette année, publiera son rapport de notation prévu pour la France le 29 novembre.
Les finances publiques françaises sont donc sous le feu des critiques des agences de notation de crédit. Les plans des gouvernements précédents visant à réduire le déficit public ayant échoué à plusieurs reprises. Et l’incertitude a été encore renforcée par la décision du président français de convoquer des élections anticipées en juin. Lesquelles ont conduit à la formation d’un gouvernement minoritaire qui peut être renversé facilement par le Parlement.
Lorsque Macron a déclenché les élections, les investisseurs ont réagi en vendant des actifs français et en augmentant la prime de risque que le pays paie sur ses obligations à 10 ans par rapport à l’Allemagne à plus de 80 points de base, contre 50 plus tôt cette année. La prime des obligations françaises par rapport aux obligations allemandes est toutefois tombée à 71 points de base ces derniers jours, la perspective d’une baisse plus rapide des taux aidant les pays accablés par une dette publique élevée, comme la France et l’Italie.
La France ne parviendra pas à atteindre ses objectifs en matière de déficit public
Dans le but de stabiliser les finances publiques, le gouvernement du Premier ministre Michel Barnier vient de présenter un projet de budget pour 2025 qui prévoit 60 milliards d’euros de réductions de dépenses et d’augmentations d’impôts visant à réduire le déficit à 5 % du PIB contre 6,1 % en 2024. Il s’agit d’une première étape vers une réduction du déficit public à 3 % d’ici 2029. Ce à quoi le gouvernement précédent s’était engagé envers l’UE d’ici 2027.
Scope a déclaré s’attendre à ce que le déficit budgétaire se réduise à 5,2 % en 2025. Le Parlement étant susceptible de forcer le gouvernement à modifier la combinaison de mesures annoncées.
À 119 % la dette publique française en 2029
L’agence de notation s’attend également à ce que la France ne parvienne pas à atteindre son objectif de déficit public de 3,8 %, même en 2029. Et ce, en raison de l’incertitude entourant l’exécution des plans budgétaires; ainsi que des perspectives modestes de croissance et d’inflation. Elle a déclaré également qu’en 2029, la dette publique de la France atteindrait 119 % du PIB.
« Cette trajectoire représente un défi majeur en matière de crédit qui limite la capacité du gouvernement à absorber les chocs futurs », conclut Scope Ratings.