Le président Emmanuel Macron effectuera une visite d’État au Maroc du 28 au 30 octobre 2024, à l’invitation du Roi Mohammed VI. Cette visite, qui marque le réchauffement entre l’ancienne puissance coloniale et le royaume chérifien suite au soutien de Paris au plan d’autonomie marocain sur le Sahara occidental, aura des retombées économiques pour les entreprises françaises. Pour compenser le « geste » français?
Emmanuel Macron sera du 28 au 30 octobre au Maroc en visite officielle. Cette visite d’Etat marque le réchauffement entre les deux pays qui a suivi la reconnaissance par Paris de la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental.
Manifestement, entre les deux géants du Maghreb, la France aura choisi son camp. En effet, suite à une invitation fin septembre du roi du Maroc, Mohammed VI et après trois années de relations glaciales entre Paris et Rabat- les révélations sur les téléphones d’Emmanuel Macron espionnés en 2019 par le Maroc, utilisateur du logiciel espion israélien Pegasus, sont encore dans tous les esprits – Emmanuel Macron effectuera bien une visite d’Etat au Maroc. La dernière visite du président français remonte à 2018.
Volte-face
Et c’est évident que le geste français sur le Sahara occidental a ouvert la voie à un dégel bilatéral. En effet, le 30 juillet dernier, et à la surprise générale, la France est sortie de sa neutralité traditionnelle. Ainsi, dans une lettre adressée au roi du Maroc, Mohammed VI, Emmanuel Macron a affirmé que le plan d’autonomie marocain pour cette ex-colonie espagnole- contrôlée en majeure partie par le Maroc, mais revendiquée par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario soutenus par Alger- est « la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée ».
Toutefois, tout en affirmant que « le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine »; le locataire du palais de l’Elysée n’est pas allé jusqu’à reconnaître officiellement la souveraineté territoriale du Maroc sur ce territoire disputé, riche en eaux poissonneuses et en phosphates.
Le lendemain de la parution de l’information sur ce changement radical de position, Alger annonça le « retrait avec effet immédiat » de son ambassadeur à Paris. Plongeant une fois de plus la relation bilatérale, déjà exécrable, dans la tourmente.
Sur les pas de Washington
Rappelons à ce propos qu’après l’administration américaine sous Donald Trump qui reconnut la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en 2020, en contrepartie du réchauffement des relations avec l’Etat hébreu où vit une importante diaspora d’origine marocaine, d’autres pays européens ont suivi la même voie sur ce dossier. Et ce, à l’instar des Pays-Bas et de l’Espagne, qui avaient apporté leur soutien officiel à Rabat il y a deux ans, ou plus récemment l’Allemagne.
En juin dernier, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, avait déclaré que son pays considérait le plan d’autonomie marocain comme « une bonne base et un très bon fondement pour le règlement définitif » du conflit autour du Sahara occidental.
Un marché juteux
Mais, c’est le volet économique qui dominera les accords à venir entre le Maroc et la France. D’autant plus que le Maroc ne représente que 1 % des échanges commerciaux de la France avec le monde. De plus, il est le premier partenaire commercial en Afrique et le deuxième dans la région Afrique du Nord/Moyen-Orient derrière la Turquie. Sachant que la France dispute depuis plusieurs années à la Chine la place de premier fournisseur du pays, soit 10 % de part de marché selon les années.
En effet, et bien que la liste des ministres et responsables qui accompagneront Macron ne soit pas encore connue, des médias français évoquent des « contrats militaires », notamment concernant des hélicoptères Caracal et des sous-marins. Bien qu’aucune confirmation officielle n’ait encore été donnée quant à la présence du ministre français de la Défense, Sébastien Lecornu.
Et c’est surtout le marché juteux d’avions civils que Paris rêve de rafler. En effet, la Royal Air Maroc a annoncé le lancement d’un appel d’offres pour l’achat de nouveaux avions long-courriers et court-courriers. Ils devraient quadrupler sa flotte aérienne de 50 avions dans les années à venir, en vue de l’importante Coupe du monde de 2030 que le Maroc accueillera avec l’Espagne et le Portugal.
Et c’est dans l’objectif d’atteindre 200 avions opérationnels au cours de la prochaine décennie et de la Coupe du monde de 2030 que la compagnie nationale marocaine compte se doter de 150 avions.
Or, donné comme favori au départ, l’avionneur américain Boeing semble perdre du terrain face à Airbus, dont l’Etat français- qui est le plus gros actionnaire- veut sa part du gâteau.