Lors de la prochaine élection présidentielle américaine, l’électorat arabo-américain, bien que minoritaire, peut jouer un rôle crucial. Et ce, notamment dans les États-clé, l’Arizona, la Géorgie, la Caroline du Nord, la Pennsylvanie, le Michigan et le Wisconsin. Car les deux candidats y sont au coude-à-coude. La question est de savoir si cet électorat va faire payer cher à la vice-présidente Kamala Harris le prix du soutien inconditionnel de l’administration Biden à l’Etat hébreu.
Alors que la campagne présidentielle américaine est entrée dans sa dernière ligne droite, que le candidat républicain Donald Trump et sa rivale, la vice-présidente Kamala Harris, sont dans un mouchoir de poche notamment dans les « Swing States », les deux camps font les yeux doux aux indécis parmi les minorités juives et arabes. Lesquelles peuvent faire pencher la bascule en faveur de l’un des candidats. Sachant qu’aussi bien les électeurs de confession juive que ceux d’origine arabe accordent traditionnellement leurs voix au parti démocrate. C’était avant que la guerre au Proche-Orient ne vienne brouiller les cartes et faire bouger les lignes d’une manière alarmante et inattendue, notamment pour le parti de l’âne.
Vote-sanction
En effet, les derniers sondages démontrent que, fait inédit, les promesses de vote au sein de la communauté des Arabes américains dont le nombre s’élève à environ 2,5 millions d’électeurs se partagent équitablement entre Trump et Harris. Alors que cet électorat était acquis aux démocrates.
Ainsi, un récent sondage mené par l’Arab American Institute, révèle que leurs intentions de vote à la présidentielle aux Etats-Unisse divisent à présent en parts égales entre Donald Trump (42 %) et Kamala Harris (41 %). Cela explique pourquoi Kamala Harris s’est empressée la semaine dernière de rencontrer les leaders de l’importante communauté arabo-musulmane dans le Michigan.
Mais, selon les observateurs politiques, le soutien massif aussi bien militaire que financier de l’administration Biden-Harris à Israël dans sa guerre à Gaza, en Cisjordanie et au Liban pourrait faire perdre à la candidate de nombreuses voix chez les 2,5 millions d’électeurs arabo-américains, habituellement fidèles au Parti démocrate. Joe Biden, n’a-t-il pas envoyé en pleine campagne électorale des troupes américaines en Israël pour déployer un système de défense antimissiles Thaad?
Pour rappel, des dizaines de milliers d’électeurs originaires du Moyen-Orient ou d’Afrique du Nord avaient voté en 2020 pour Joe Biden dans l’État du Michigan, autrefois bastion de l’industrie automobile. Toutefois, tout semble indiquer que la communauté arabe américaine, très présente dans certaines villes de cet Etat-clé, se détourne peu à peu du camp démocrate et de sa candidate Kamala Harris soupçonnée d’être ouvertement « pro-israélienne » et « complaisante » avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou; sans pour autant tomber automatiquement dans les bras du milliardaire américain, Donald Trump.
Quatre ans plus tard, les mêmes électeurs brandissent désormais la menace de « punir » la vice-présidente à cause du « soutien constant que l’Administration apporte à l’État hébreu ».
« Avec près de 250 000 électeurs arabes inscrits dans l’État du Michigan, notre communauté est en mesure de lui faire perdre l’élection », prévient l’avocat libanais, Abed Hammoud.
Revirement
Cela étant, si de nombreux électeurs musulmans et arabes-américains envisageaient d’abandonner Kamala Harris, se pourrait-il qu’ils votent pour Donald Trump?
C’est possible, d’autant plus qu’au moment où plus 42 000 Palestiniens ont péri en un an à Gaza sous les bombardements de l’État hébreu, selon les derniers bilans du ministère de la Santé du Hamas, repris par l’Organisation des Nations unies (ONU), la candidate démocrate et vice-présidente des États-Unis multiplie les prises de parole pro-israéliennes.
Ainsi, elle n’a pas hésité à rappeler, le 22 août, lors de la convention démocrate, qu’elle se battrait « sans relâche pour le droit de l’État hébreu à se défendre ». Des paroles très mal acceptées par les électeurs arabes américains. Un certain nombre d’entre eux appellent désormais, sur les réseaux sociaux, à boycotter la candidate démocrate à la présidentielle américaine, pour lui préférer l’écologiste Jill Stein ou le candidat indépendant Cornel West, tous deux pro-palestiniens.
A noter que d’autres électeurs arabo-américains mettent les deux candidats dos à dos : « Les deux candidats soutiennent le génocide à Gaza et la guerre au Liban. Nous ne pouvons tout simplement pas apporter nos votes à la démocrate Kamala Harris ou au républicain Donald Trump, qui soutiennent aveuglément le gouvernement israélien criminel ». C’est ce qu’affirme, dans un communiqué, le Comité d’action politique arabe américain.
Au final, résume le quotidien britannique The Times, les positions pro-israéliennes de la candidate démocrate risquent de lui faire perdre des États clés pour l’élection, comme le Michigan, État américain qui concentre la plus forte proportion d’Arabes-américains. Déjà en 2016, rappelle la même source, l’abstention massive de cette communauté avait contribué à la victoire de Donald Trump dans cet État charnière. Possible remake le 5 novembre 2024?