Après la récompense en 2023 de l’économiste Claudia Goldin, pour ses travaux portant sur les inégalités de revenus hommes femmes sur le marché du travail, le prix de la prestigieuse Banque de Suède 2024 est attribué à Daron Acemoglu, Simon Johnson et James Robinson pour leurs recherches sur l’analyse des facteurs expliquant les inégalités de revenus entre les nations.
Selon les lauréats du prix Nobel d’économie de cette année, les institutions jouent un rôle majeur dans le développement économique. Les pays disposant d’institutions « inclusives » qui protégeaient les droits de propriété et favorisaient une large ouverture économique avaient tendance à emprunter un chemin vers une prospérité durable. En revanche, les pays pourvus d’institutions « extractives » et où le pouvoir politique s’approprie, par la terreur, la majeure partie de la richesse, décourageant ainsi tout intérêt à la production, l’épargne et l’innovation restaient plongés dans la pauvreté.
Ces analyses se situent dans la lignée des travaux de Douglas North, prix Nobel d’économie en 1993 et père du « New economic history », qui a aussi affirmé depuis longtemps que les sociétés qui prospèrent sont celles qui répartissent le pouvoir économique et politique au sein d’institutions pluralistes qui encouragent la concurrence.
Le nouveau rapport de la Banque mondiale Business Ready 2024, qui succède à Doing Business, montre justement que les pays qui ont entamé des réformes au niveau de leurs institutions comme le Népal, le Vietnam, la Colombie, la Géorgie ou encore le Rwanda ont un meilleur climat des affaires grâce à la qualité de leur réglementation et de leurs services publics. D’ailleurs, le Rwanda se positionne en tête de classement des 15 pays africains parmi les 50 pays étudiés dans le rapport, avec un score moyen de 72,67/100. Ce n’est donc pas un hasard si le pays des mille collines, qui se hisse au premier quintile à côté de Singapour, a enregistré un taux de croissance de 9,7 % au premier trimestre 2024.
Bien que la théorie économique et les success stories de plusieurs pays ne cessent de rappeler le rôle crucial que jouent les institutions solides, transparentes, démocratiques et indépendantes dans le développement, de nombreux autres tardent à rompre avec la mauvaise gouvernance et à emprunter le chemin des réformes structurantes.
Par Lamia Jaidane-Mazigh
Cet éditorial est actuellement disponible dans l’édition spéciale finance d’octobre 2024 de l’Economiste Maghrébin, en kiosque.