Avant la proclamation des résultats, le candidat Trump dénonce une « tricherie » sur « une échelle jamais vue auparavant ». Un argument qu’il compte utiliser en cas de défaite ce soir face à Kamala Harris.
C’est une inquiétante désinformation qui prévaut à la veille de l’élection présidentielle américaine. Alors que 244 millions d’électeurs sont appelés ce mardi 5 novembre aux urnes pour élire leur 47ème président, qu’un tiers de l’électorat américain a déjà participé au scrutin à l’aide du vote par correspondance et que Kamala Harris et Donald Trump sont toujours au coude à coude dans les sondages, le candidat républicain accuse déjà son adversaire démocrate, sans même attendre le verdict des urnes, de « tricherie » sur « une échelle jamais vue auparavant » en Pennsylvanie, l’un des sept États pivots qui devraient décider du sort de l’élection.
La veille, il avait affirmé sur les réseaux sociaux que des « choses pas jolies du tout » se déroulaient dans cet État et appelé la police « à faire son boulot, sans tarder ».
Sacrilège
Faudrait-t-il s’en étonner? Le 6 janvier 2021 et devant le regard horrifié du monde entier, le président sortant qui briguait un deuxième mandat de quatre ans, refusa d’admettre sa défaite face à Joe Biden; allant même jusqu’à inciter ses partisans déchaînés à prendre d’assaut le Capitole de Washington afin d’interrompre, même par la force, le vote de certification de l’élection au Congrès.
Bis repetita : les allégations sans fondement de fraude électorale se multiplient à l’approche de l’élection de 2024 aux États-Unis. Et le milliardaire républicain annonce la couleur en accusant cette fois-ci le camp républicain qu’il qualifie de « bande de tricheurs », de chercher à lui voler sa victoire.
Désinformations
En effet, Donald Trump qui n’a jamais cessé de prétendre que son échec quatre ans plus tôt face au président démocrate Joe Biden était dû à des fraudes, avance sans preuves que le système électoral américain serait propice à la fraude. Laissant penser qu’il pourrait encore refuser de reconnaître sa défaite s’il était battu.
Pour Josh Shapiro, le gouverneur démocrate de Pennsylvanie, Trump ne faisait que ressasser « toujours la même chose » avec ses accusations. L’ancien président avait perdu cet État de seulement 80 000 voix face à Joe Biden en 2020.
Le candidat républicain veut « utiliser sa stratégie habituelle, où il crée le chaos et attise les divisions et la peur », a accusé Josh Shapiro hier sur CNN.
D’ailleurs, lors d’un rassemblement le 29 octobre, le candidat américain révéla devant une salle chauffée à blanc que les démocrates « ont déjà commencé à tricher. La Pennsylvanie triche à un niveau rarement vu auparavant».
Ainsi, tous les moyens sont bons pour tordre le coup à la réalité : le candidat républicain n’a-t-il pas affirmé en novembre dernier devant une salle chauffée à blanc être « en tête dans les sept États clés» ? Toutefois, selon les sondages, il n’aurait une légère avance sur sa rivale que dans quatre de ces États : la Pennsylvanie, la Géorgie, la Caroline du Nord et l’Arizona. Au niveau national, les deux candidats restent au coude à coude, Kamala Harris enregistrant une très légère avance (49 % contre 48 %).
Trump ne fait que ressasser « toujours la même chose » avec ses accusations, a estimé Josh Shapiro, le gouverneur démocrate de Pennsylvanie, ce mardi sur CNN. Tout en ajoutant que le candidat républicain « veut utiliser sa stratégie habituelle pour crée le chaos et attiser les divisions et la peur ».
Un système de vote ultra sécurisé
Pourtant, de l’avis des experts en cyber-sécurité, il est quasi impossible de manipuler le système de vote (le dépouillement, les machines à voter, l’inscription de certains électeurs, les bulletins de vote anticipé, la certification des résultats et toutes sortes de questions techniques). Ainsi, afin de sécuriser le processus, la majorité des votes sont appuyés par une copie papier permettant une vérification ultérieure basée sur la traçabilité des données. C’est une opération essentielle pour rassurer les électeurs et garantir l’exactitude du comptage.
« Même sans preuve, ces allégations risquent de créer assez de doutes pour perturber les résultats postélectoraux et ébranler la foi du public dans le système », assure un analyste politique.
A noter également que le contrôle des votes a été renforcé cette année pour éviter de nouvelles contestations. Ainsi, 10 000 juridictions locales ont été formées pour certifier les votes avant de les envoyer aux capitales de leurs États. Par la suite, des certifications sont cette fois-ci réalisées à l’échelle de l’État, avant que les listes ne soient envoyées à Washington.
Notons enfin que cette stratégie employée par Donald Trump ne semble pas perturber outre mesureson adversaire démocrate. Selon Dana Remus, avocate de la campagne de la vice-présidente Kamala Harris, « il n’est pas surprenant qu’il remette déjà en question les résultats d’une élection toujours en cours. Il a échoué lorsqu’il a essayé cela en 2020 et il échouera à nouveau », assure-elle.