En prélude à la tenue des JNDA (Journées nationales des Diasporas et de l’Afrique), le 9 novembre 2024 à Paris, nos confrères d’AfricaPresse.Paris (APP) ont rencontré Tarak Cherif, président d’Anima Investment Network, une association active en Euromed et en Afrique, pour livrer « sa vision d’avenir des diasporas en catalyseurs du développement de l’Afrique ».
Cette initiative, portée par le Club des Bâtisseurs, une association bordelaise pionnière des Journées Nationales des Diasporas et de l’Afrique (JNDA), va attirer quelque 2 000 participants, opérant dans des domaines variés.
Dans cette optique, Tarak Cherif, ancien fondateur et président de la CONECT (Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie) parle de l’avenir économique de l’Afrique et de la place que joue la diaspora dans ce processus.
Dans ce cadre, à la question « Pourquoi avoir pris cette décision de vous allier au Club des Bâtisseurs, l’association bordelaise qui produit depuis 2013 les JNDA – Journées nationales des Diasporas et de l’Afrique? », Tarak CHERIF a répondu : « L’année dernière, je me suis rendu aux JNDA annuelles organisées à Bordeaux. J’y ai rencontré Yannick Kwetchoua, président Club des Bâtisseurs qui en est l’organisateur, et aussi Pierre de Gaëtan – que tout le monde appelle PDG… »
Et d’ajouter : « De notre côté, Anima a notamment organisé avec succès le Forum MEET Africa des Entrepreneurs de la Diaspora, qui a rassemblé plus de 3 500 participants à Paris en février 2023, et nous coordonnons le Hub MEET Africa, la plateforme également dédiée aux entrepreneurs de la diaspora africaine. »
Alors, il estime que les objectifs et engagements communs entre les deux organisations étaient une évidence qui « s’est imposée d’emblée, et nous avons tout naturellement décidé de coopérer, avec ce grand événement organisé à Paris ce 9 novembre, le JNDA Bridge Africa, dédié à « Connecter l’Afrique avec ses diasporas » ».
En tant que grand connaisseur des réalités entrepreneuriales de l’Afrique, on lui a demandé de déterminer les secteurs d’activité qui lui paraissent les plus porteurs pour le développement de l’Afrique. « … Avec le conglomérat que je dirige, nous sommes actifs dans plusieurs secteurs et nous avons de grands partenaires mondiaux dans différents domaines, dans l’industrie et aussi les services – nous produisons de la résine exportée dans plusieurs pays d’Afrique, nous possédons des hôtels, nous représentons certaines marques, leaders mondiaux comme Midas, Whirlpool et bien d’autres… », répond-il.
Il enchaîne en précisant : « Je ne vais pas vous étonner en vous disant que l’Afrique, c’est l’avenir. Tous les secteurs sont porteurs. Personnellement, je passe beaucoup de temps en Afrique, car notre consortium est l’un des premiers exportateurs tunisiens de produits industriels sur l’Afrique. Peut-être le premie, et en tout cas l’un des trois premiers. »
L’ancien patron de la CONECT souligne également posséder, aujourd’hui, deux unités industrielles hors Tunisie, l’une à Alger et l’autre à Dakar. « Nous ne faisons pas tout à fait de la coproduction, mais nous fournissons des matières premières importantes pour des industriels en Afrique. Par exemple, nous sommes l’un des principaux producteurs de résines, qui sont les matières premières utilisées dans les processus de production de peintures, de colles et autres choses ».
Interpellé sur le forum du 9 novembre prévu à la Maison de la Chimie, Tarak Cherif a indiqué que « Notre objectif est triple : toucher les diasporas, faire connaître les entrepreneurs et les institutionnels africains de l’économie, faciliter les connexions entre eux… Moi je pense que l’Afrique, comme on l’a dit, c’est quand même le continent où il faut être, donc avec toutes les perspectives qu’il y a, dans plusieurs métiers et secteurs ».
Toutefois, l’entrepreneur regrette qu' »aujourd’hui encore beaucoup de pays européens font fabriquer en Asie. Alors qu’il y a tellement de choses à faire en Afrique, avec l’Afrique ».
Et on lui rétorque « oui, mais depuis la pandémie de la Covid-19, on assiste tout de même à un début de retournement. On revient à « la proximité africaine », n’est-ce pas ? ».
« Exact, il y a une certaine relocalisation à l’œuvre, et c’est dans ce cadre que nous voulons inciter, ouvrir un débat, rapprocher les décideurs installés en Europe comme en Afrique. Notre rôle, c’est de créer un espace où les gens se connaissent et peuvent avancer ensemble », reconnait-il.
Et à la question « Ressentez-vous les effets de la relocalisation en Tunisie ? »; sa réponse est affirmative : « Oui! D’ailleurs nous accueillons plus de 3 500 entreprises étrangères, dont plus d’un millier françaises… ».
Comparativement avec le Maroc où il y en a 1 200, le patron tunisien a répondu en substance que les entreprises étrangères qui opèrent dans ces deux pays « réussissent et réinvestissent. Pour le grand bonheur de ces pays ! »
« Certes, le Maroc et la Tunisie sont de bons exemples de réussite, mais l’événement de ce samedi accueille des délégations de plusieurs pays africains, comme le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, la RD Congo… Une bonne quinzaine au total, avec beaucoup de délégations à la fois institutionnelles, gouvernementales, patronales », ajoute M. Cherif.
A la question : »Il est souvent reproché aux pays européens d’aspirer les talents du sud, au détriment des pays d’origine. Votre opinion? ». Tarak Cherif a déclaré : « Cette diaspora qui séjourne en France et en Europe est un point fort pour ses pays d’origine. Car elle est ici immergée dans un ensemble économique où il y a beaucoup d’avancées, beaucoup de recherche, beaucoup de développement. Mais ce point fort, il faut essayer aussi de le catalyser vers le continent africain. Rien n’empêche que la diaspora soit présente sur les deux continents. On peut développer des affaires en France, en Europe et en Afrique. En même temps… Ce n’est pas interdit! »
Enfin, concernant le développement de l’Afrique, l’entrepreneur tunisien a souligné qu' »il y a un rôle que la diaspora se doit d’assumer. C’est de contribuer à la promotion du continent africain, et d’être aussi un relais de l’internationalisation des solutions afin d’accélérer l’émergence de l’Afrique. Au-delà du transfert du savoir-faire et de la connexion avec les décideurs de France et d’Europe, la diaspora peut aussi jouer un rôle de contributeur au financement des projets. C’est d’ailleurs une réalité en Tunisie, où les transferts issus de la diaspora – 2,43 milliards de dollars en 2023 – ont été supérieurs à ceux du tourisme, autour de 2 milliards ».
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