Pour sa quatrième édition, les prix littéraires de la fondation Abdelwaheb Ben Ayed (FABA) sont devenus le concours incontournable de la saison littéraire tunisienne. Cette année, la remise des prix a eu lieu à la Cité de la Culture, dans l’après-midi du dimanche 10 novembre, et a été marquée par un hommage à feu Abdelwahed Ben Ayed.
Il est clair que les prix FABA contribuent de manière significative à la promotion et au développement du roman tunisien. La présidente du jury, Samia Kassab Charfi, universitaire et professeure de littérature, a accepté de répondre aux questions de l’Economiste Maghrébin en marge de cet événement.
Quelle est la spécificité de cette édition?
Samia Kassab Charfi : le jury a été constitué avec une attention particulière à l’égalité des genres et des âges, incluant trois hommes et trois femmes ainsi que des membres plus jeunes et plus âgés. Cette diversité favorise des débats enrichissants, car les membres possèdent des expertises variées non seulement en littérature française mais aussi en arabe.
Quels sont les critères de sélection?
Concernant les critères d’évaluation, je dirais l’importance d’avoir des discussions objectives qui garantissent l’impartialité. Cette année, le jury a reçu une grande quantité d’œuvres de qualité, évaluées durant l’été. Les critères incluent l’originalité, le style d’écriture et la capacité d’un livre à captiver le lecteur.
Qu’en est-il en termes de variété des œuvres?
Les œuvres reçues couvrent une large gamme de genres : romans d’amour, récits sur Tunis, biographies romancées, essais mêlés à de la fiction et poésie. Le jury a également pris en compte la modernité de l’écriture, cherchant à éviter le « classico-classique », qui manque d’originalité.
Les prix des livres sont-ils accessibles à toutes les catégories de lecteurs, y compris les étudiants ?
Le prix d’un livre ne devrait pas être un critère déterminant pour évaluer sa qualité. Bien qu’il existe une catégorie dédiée aux beaux livres qui prend en compte l’esthétique et la qualité matérielle, la majorité des œuvres littéraires restent relativement accessibles. Cela souligne l’importance d’encourager la lecture chez les jeunes adultes. La littérature offre une ouverture sur le monde et constitue un antidote aux excès et à la superficialité souvent présents sur les réseaux sociaux. Un bon livre peut agir comme une forme de thérapie, résonnant profondément avec le lecteur et créant une connexion personnelle.
Quelle citation vous interpelle et vous parle le plus ?
Je dirais deux citations marquantes :
Saint-Jean Perse disait : « Poète est celui-là qui rompt pour nous l’accoutumance », soulignant que la lecture doit nous sortir de notre zone de confort.
Proust affirmait : « Ce qui est clair avant nous n’est pas à nous. C’est à nous ce que nous tirons de l’obscurité », mettant en avant le rôle révélateur de la lecture.
En conclusion, cette édition des prix FABA illustre non seulement la richesse de la littérature tunisienne mais aussi son rôle essentiel dans l’éducation et le développement culturel.