Au début de ce second quinquennat, l’économie tunisienne se trouve confrontée à plusieurs défis majeurs qui menacent sa stabilité et son développement à court et moyen termes.
Ces défis touchent à la fois des aspects structurels, macroéconomiques et sociaux, créant un contexte difficile pour la croissance économique et la cohésion sociale.
Cette analyse vise à examiner ces enjeux de manière approfondie et à esquisser les perspectives envisageables pour les mois et les années à venir.
Les cinq défis abordés – l’endettement public et les déséquilibres budgétaires, l’inflation persistante et la baisse du pouvoir d’achat, la faible attractivité des investissements étrangers, le taux de chômage élevé et la migration des talents, ainsi que l’instabilité politique et sociale – forment un ensemble complexe de problèmes interdépendants qui plongent la Tunisie dans une situation économique et sociale critique.
- Interdépendance aggravante des défis :
Chaque défi a des répercussions profondes sur les autres. L’endettement public chronique limite la capacité de l’État à intervenir efficacement pour soutenir la croissance ou lutter contre les inégalités sociales, tandis que l’inflation persistante érode le pouvoir d’achat des ménages, alimentant un mécontentement social de plus en plus palpable. Parallèlement, la fuite des cerveaux et la faible attractivité des investissements étrangers privent l’économie de deux leviers essentiels pour relancer la croissance et améliorer la compétitivité. Ces difficultés, amplifiées par une instabilité politique permanente, ont pour effet de maintenir la Tunisie dans un cercle vicieux de stagnation, où les mesures correctives sont limitées par les pressions sociales et financières.
- Spectre d’une aggravation des crises, à court terme :
À court terme, les perspectives économiques et sociales restent préoccupantes. La Tunisie fait face à une croissance molle, une détérioration continue des conditions de vie et des réformes bloquées par un climat politique polarisé. L’endettement élevé et les déficits budgétaires récurrents limitent la marge de manœuvre du gouvernement, tandis que la fuite des talents et la faiblesse des investissements étrangers freinent la création d’emplois. De plus, l’inflation persistante, combinée à des politiques monétaires restrictives, aggrave le ralentissement économique et limite les perspectives d’amélioration à court terme.
Dans ce contexte, la Tunisie pourrait connaître de nouvelles tensions sociales, attisées par une frustration croissante face à l’inaction politique et l’aggravation des conditions de vie. Le mécontentement populaire risque d’intensifier l’instabilité, mettant en péril la cohésion nationale et freinant encore davantage les efforts de redressement économique.
- Impératif de réformes structurelles, à moyen terme :
Cependant, à moyen terme, il est possible d’inverser cette trajectoire si des réformes structurelles profondes et cohérentes sont mises en œuvre. Le pays doit impérativement réformer son cadre macroéconomique en s’attaquant aux déséquilibres budgétaires, en renforçant l’efficacité fiscale et en maîtrisant ses dépenses publiques. De même, l’amélioration du climat des affaires, avec une lutte renforcée contre la corruption et une simplification des procédures bureaucratiques, est cruciale pour attirer les investissements étrangers et revitaliser les secteurs clés de l’économie.
L’investissement dans des secteurs porteurs tels que les énergies renouvelables et les technologies numériques est également essentiel pour diversifier l’économie et créer des opportunités d’emploi. Parallèlement, des politiques actives pour freiner la migration des talents et promouvoir l’innovation intérieure sont indispensables pour renforcer le potentiel de modernisation de l’économie.
- Nécessité d’un consensus politique et social :
Une condition sine qua non de la réussite de ces réformes est un consensus politique et social fort. Le dialogue entre les différents acteurs – gouvernement, partis politiques, société civile, syndicats – doit être relancé pour parvenir à des compromis nécessaires. Ce consensus permettra de surmonter les résistances face aux réformes souvent perçues comme impopulaires, tout en garantissant une meilleure répartition des fruits de la croissance.
Un tournant décisif pour la Tunisie
La Tunisie se trouve à un tournant décisif de son histoire économique et politique. La combinaison de ces cinq défis montre l’ampleur des réformes à entreprendre pour restaurer la stabilité et relancer la croissance. Si les obstacles sont immenses, des opportunités existent, à condition de faire preuve de volonté politique et d’engagement collectif. Seule une approche globale tenant compte des enjeux économiques, sociaux et politiques permettra à la Tunisie de sortir de cette spirale et de retrouver une trajectoire de développement durable et inclusif.
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Le cinquième défi : Instabilité politique et sociale
Quatrième défi : Taux de chômage élevé et migration qualifiée
Troisième défi : la faible attractivité des investissements étrangers
Deuxième défi : inflation persistante et pouvoir d’achat en baisse
Une nouvelle lecture de la stagflation : enjeux critiques et perspectives
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* Dr. Tahar EL Almi,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)