Le Département des études et de documentation de l’UGTT a exprimé, dans une analyse critique du projet de loi de finances 2025 en cours d’examen à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), plusieurs réserves et propositions concernant la politique économique et financière du gouvernement. Ces recommandations visent à corriger les failles du projet actuel et à orienter la Tunisie vers une réforme fiscale et économique plus juste et plus durable. Il s’agit d’une note de 12 pages, dont nous vous présentons ici l’ensemble des recommandations.
Le projet de loi de finances pour l’année 2025, tel qu’il est actuellement présenté, ne répond pas aux exigences de la phase actuelle ni aux besoins de réforme de l’économie et des finances publiques de la Tunisie. Selon le Département des études et de documentation de l’UGTT, ce projet reflète une approche improvisée, « copiée » des précédentes lois de finances, privilégiant un raisonnement purement comptable, avec un manque flagrant de transparence, de participation et une vision peu réaliste des hypothèses économiques. Il persiste également dans une politique d’austérité, de pression fiscale excessive et de flou concernant la mobilisation des ressources extérieures.
Face à cette situation, l’UGTT formule plusieurs recommandations visant à améliorer le projet de loi, notamment :
Révision du barème fiscal
L’UGTT demande la révision de l’article 31 relatif à la révision du barème de l’impôt sur le revenu des salariés, en proposant de remplacer le salaire minimum garanti par un salaire de subsistance afin de garantir un revenu décent pour les travailleurs et leurs familles.
Réforme de la fiscalité des entreprises
En ce qui concerne l’article 32, relatif à l’impôt sur les sociétés, le syndicat propose une imposition basée sur des tranches de bénéfices et non sur le chiffre d’affaires, afin de mieux adapter la fiscalité à la réalité des entreprises.
Gestion de la dette publique
Le Département appelle à une gestion plus rigoureuse de l’emprunt intérieur, qui a connu une hausse sans précédent ces dernières années, drainant la liquidité du secteur financier et alimentant l’inflation. Il insiste sur l’adoption d’une stratégie de financement plus équilibrée entre les emprunts intérieurs et extérieurs, tout en préservant les réserves de devises du pays.
Renforcement des secteurs clés
L’UGTT exige un renforcement significatif des budgets des secteurs de l’éducation, des transports et de la santé, afin de permettre des réformes structurelles avant qu’il ne soit trop tard.
Révision du système de soutien et des aides sociales
Le projet de révision du système de soutien est également au cœur des préoccupations de l’UGTT, qui réclame une révision pour diriger les aides vers les bénéficiaires réels et éviter le gaspillage des ressources publiques.
Soutien aux retraités et aux travailleurs précaires
Soutien aux retraités et aux travailleurs précaires
L’UGTT souligne la nécessité de revaloriser les pensions des retraités pour atteindre le salaire minimum garanti et de régler de manière urgente la situation des travailleurs précaires, notamment ceux du secteur de l’éducation et les contractuels.
Transition écologique et impact climatique
L’UGTT appelle à une intégration rapide des implications des engagements climatiques de la Tunisie dans la loi de finances, en particulier la réduction de l’intensité carbone et l’adaptation au mécanisme de l’Union européenne sur le carbone. La mise en place d’une stratégie de financement climatique et d’une fiscalité carbone (taxe sur le carbone) est jugée essentielle pour préparer l’économie tunisienne aux défis environnementaux et maintenir la compétitivité des exportations.
Ces propositions viennent compléter les demandes antérieures du syndicat, telles que la suppression du système fiscal forfaitaire, l’accélération de la numérisation de l’administration fiscale, la lutte contre la fraude et la corruption, ainsi que le soutien aux petites et moyennes entreprises et à l’emploi. Elles visent à construire une économie plus juste, durable et résiliente face aux crises actuelles.