Peu connues, les femmes malvoyantes et malentendantes sont particulièrement vulnérables. En effet, elles courent un risque deux fois plus élevé d’être victimes de violences. Non seulement elles rencontrent des difficultés d’accès aux centres d’hébergement et d’accueil, mais ces derniers sont souvent inadaptés à leurs besoins spécifiques.
Cette situation souligne l’importance du projet national intitulé « Pour que l’Invisible Soit Visible ». Lequel vise à améliorer les services disponibles pour les femmes ayant des handicaps sensoriels. Ce projet a pour objectif de fournir un éclairage sur la perception de la violence faite aux femmes avec des handicaps sensoriels en Tunisie. Et ce, en cherchant à identifier les obstacles rencontrés par ces femmes dans leur vie quotidienne et au sein des différentes institutions.
Une étude qualitative a été menée, incluant des entretiens semi-directifs et des groupes de discussion, afin de recueillir des données sur leurs expériences. Les résultats ont révélé que les femmes malvoyantes et malentendantes souffrent d’une discrimination sociale accrue et d’une exclusion systématique.
Soukeina Bouraoui, Directrice Exécutive du Centre de la Femme Arabe pour la Formation et la Recherche (CAWTAR), a souligné l’absence de données quantitatives précises sur le nombre de femmes malvoyantes et malentendantes victimes de violences.
Elle a déclaré : « Je ne peux parler que de la souffrance de ces femmes-là. Parmi les populations vulnérables, les femmes constituent une population vulnérable, et les femmes handicapées constituent encore plus une population vulnérable. «
Soukeina Bouraoui a également insisté sur le fait que la société civile fait ce qu’elle peut, mais ne peut pas remplacer les structures nécessaires pour protéger ces femmes.
Pour améliorer la situation, elle a proposé plusieurs recommandations :
- Une sensibilisation accrue : informer le public sur la situation des femmes porteuses de handicap.
- L’amélioration des infrastructures : adapter les lieux d’accueil pour garantir leur accessibilité.
- La formation du personnel : former les travailleurs sociaux et le personnel des centres pour mieux comprendre et répondre aux besoins spécifiques de ces femmes.
- Une coopération locale : encourager le travail collaboratif entre différentes parties prenantes, y compris les ministères et les associations.
Tout comme elle a mentionné l’application gratuite « Safeness », destinée aux femmes victimes de violences, mais qui n’est pas largement utilisée. Elle a conclu en appelant à une meilleure sensibilisation, plus de visibilité et un soutien accru pour cette population vulnérable.
Concernant son message, elle insiste sur le fait que « nous avons tous une responsabilité. Chacun d’entre nous doit agir et s’engager. Chaque citoyen et chaque citoyenne devrait prendre soin d’au moins une personne vulnérable. »
En résumé, il est crucial que chaque citoyen prenne conscience de sa responsabilité envers les personnes vulnérables et s’engage à apporter son aide. La coopération entre les différents acteurs est essentielle pour améliorer la situation des femmes malvoyantes et malentendantes en Tunisie.