La crise politique qui secoue la France depuis des mois s’est répercutée sur les marchés financiers. Les coûts d’emprunt du pays atteignent le même niveau que ceux de la Grèce, criblée de dettes, pour la première fois dans l’histoire.
Le spread entre les rendements des obligations d’État françaises à 10 ans et leurs homologues grecques a été réduit à zéro jeudi 28 novembre. Le rendement de l’obligation française à 10 ans s’élevait à 3,0010 %. Tandis que celui de la même obligation grecque s’élevait à 3,030 %.
Un budget 2025 controversé
Le fait que les investisseurs exigent le même taux d’intérêt pour la dette française que pour celle de la Grèce montre l’ampleur des inquiétudes suscitées par les troubles politiques dans l’Hexagone. Le gouvernement, dirigé par le Premier ministre Michel Barnier, s’efforce d’obtenir un soutien pour son budget 2025 qui vise à réduire les dépenses et à augmenter les impôts afin de limiter le déficit budgétaire béant.
Dans l’état actuel des choses, l’alliance de gauche du Nouveau Front populaire a déclaré qu’elle déposerait une motion de censure contre le gouvernement si Barnier tentait de faire passer en force le budget, qui prévoit 60 milliards d’euros de hausses d’impôts et de réductions des dépenses.
Le Rassemblement national, parti d’extrême droite, a menacé de soutenir la gauche lors du vote de défiance, ce qui entraînerait la chute du gouvernement et plongerait la France dans une nouvelle incertitude politique et économique.
Les politiciens doivent agir
De nouvelles élections ne pourront avoir lieu qu’en juin prochain, douze mois après les dernières élections législatives qui ont vu l’extrême-gauche et l’extrême-droite obtenir de bons résultats au premier et au second tour, sans toutefois parvenir à remporter la majorité des sièges. À la suite de ces élections, le président Emmanuel Macron a confié au conservateur Barnier la responsabilité de former un gouvernement minoritaire.
Les investisseurs obligataires considéraient la dette française comme aussi risquée que celle de la Grèce, ce qui constituait une évolution inquiétante. Pourtant, tous les opérateurs savent bien que la France n’est pas la Grèce. Elle a une économie, une situation de l’emploi, une activité et une attractivité. Les bouleversements politiques vont inévitablement provoquer des vagues dans l’investissement, mais ils pourraient inciter les législateurs français à agir. La douleur du marché obligataire pourrait inciter les dirigeants à remédier aux bouleversements politiques.
Le déficit budgétaire de la France devrait s’élever à 6,1 % en 2024 et sa dette publique dépasser 110 % du PIB en 2023. Sachant que les pays de l’UE sont tenus de maintenir leur déficit budgétaire à moins de 3 % du produit intérieur brut et leur dette publique à moins de 60 % du PIB.
Quant à la Grèce, elle devrait connaître une croissance de 2,1 % en 2024, selon la Commission européenne. Son ratio dette publique/PIB a diminué ces dernières années et devrait atteindre 153,1 % en 2024, avant de retomber à 146,8 % en 2025 et à 142,7 % en 2026. Il y a donc une différence. Toutefois, l’effet d’une chute de la France n’a rien à voir avec celle de la Grèce.