Anouar Harathi, membre du bureau exécutif de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), a saisi l’occasion de l’émission “Midi Show“ du vendredi 29 novembre pour évoquer le secteur de l’huile d’olive, notamment l’avancement de la saison de la récolte mais aussi les prix.
L’UTAP se dit satisfaite des mesures annoncées par le président de la République, Kaïs Saïed, visant à sécuriser la saison de la récolte des olives afin de préserver les droits des agriculteurs, mais demande qu’elles soient mises en place rapidement, « car nous sommes en lutte contre le temps, surtout que les fruits sont encore sur les arbres ».
Environ 10% de la récolte d’olives a été effectuée, selon les premières estimations, ajoutant toutefois que le principal problème réside dans la « négligence » des entreprises privées d’exportation qui, pour des raisons inexpliquées, n’ont pas commencé à acheter et à commercialiser l’huile, s’inquiète Harathi.
« Ces entreprises ont prospéré pendant longtemps, précise-t-il, grâce à l’huile d’olive tunisienne, mais cette année, elles n’ont pas accompli leurs tâches. Nous appelons donc l’Office national de l’huile à intervenir de toute urgence pour acheter l’huile disponible dans les moulins et la stocker ».
Il rappellera en substance que l’État a mis en place un programme et des circuits intégrés pour la production, la récolte, la presse et la vente des olives, notamment avec la création de l’Office national de l’huile (ONH) dont la capacité initiale de stockage était de 250 000 tonnes.
Sauf que, au fil du temps et en raison de diverses politiques, cet office a été marginalisé, ce qui a fait baisser cette capacité à seulement 80 000 t, regrette Harathi.
En outre, l’invité de Midi Show a précisé qu’un tiers des terres arables de la Tunisie sont plantées d’oliviers et qu’il est prévu que la récolte atteigne 600 000 t, cette année et l’année prochaine. « L’huile d’olive est une richesse nationale qui doit être valorisée et préservée. Cela nécessite également de développer l’Office de l’huile pour qu’il accompagne l’évolution de la production, car il est prouvé que la dépendance aux entreprises privées est un choix erroné », souligne le membre de l’UTAP.
D’autre part, il indiquera que l’exportation de l’huile d’olive a généré, l’année dernière, environ 5 milliards de dinars en devises étrangères, montant qui devrait atteindre les 7 milliards de dinars cette année. Toutefois, craint-il, «… certains souhaitent perturber le processus et nuire à l’économie tunisienne, en retardant l’achat et l’exportation du produit, ce qui a ‘étouffé’ à la fois les agriculteurs et les propriétaires de moulins ».
En conclusion, Anouar Harathi souligne que l’UTAP a proposé, lors d’une réunion, de créer des sociétés locales et régionales pour absorber les grandes quantités de production attendues, évitant ainsi les circuits instables actuels.
Dans cette optique, il lance un appel au ministre de l’Agriculture pour intervenir rapidement et acquérir toutes les quantités et pas seulement l’huile d’olive extra vierge, ce qui apportera une « bouffée d’oxygène » aux moulins et libérera les espaces de stockage.