Le Tchad a annoncé qu’il mettait fin à son accord de coopération en matière de défense avec la France, une décision qui pourrait entraîner le retrait des troupes françaises du pays d’Afrique centrale. Cette annonce fait suite à une visite à N’Djamena du ministre français des Affaires étrangères pour discuter des relations bilatérales.
Le ministre tchadien des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, a partagé, jeudi 27 novembre 2024, une déclaration officielle sur la page Facebook du ministère.
« Le gouvernement de la République du Tchad informe la communauté nationale et internationale de sa décision de mettre fin à l’accord dans le domaine de la défense signé avec la République française le 5 septembre 2019, visant à renforcer la coopération en matière de sécurité et de défense entre les deux pays », indique le communiqué.
Cette annonce fait suite à la visite du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à N’Djamena mercredi 27 courant, sa première depuis sa prise de fonctions en septembre. Si les discussions de Barrot avec les responsables tchadiens ont porté sur le renforcement des relations bilatérales et l’aide aux 600 000 réfugiés soudanais au Tchad, il n’a pas évoqué l’accord de coopération en matière de défense dans ses déclarations publiques.
Selon RFI, le ministre tchadien a affirmé que la France restait un partenaire essentiel. Mais à l’issue de l’entretien, le ministre Koulamallah a souligné que « la France doit désormais considérer que le Tchad a grandi et mûri ».
La décision du Tchad s’inscrit dans une tendance plus large parmi les anciennes colonies françaises en Afrique, notamment le Burkina Faso, le Mali et le Niger, qui ont récemment mis fin à leurs partenariats militaires avec Paris. Nombre de ces pays ont cherché à nouer des alliances alternatives, notamment avec la Russie, pour répondre aux défis sécuritaires.
En juin, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’était rendu au Tchad pour discuter du commerce, de la coopération économique et des plans stratégiques décrits par le président Vladimir Poutine et le dirigeant tchadien Mahamat Idriss Deby lors d’une réunion en janvier à Moscou.
L’analyste politique tchadien Evariste N’Garlem Tolde avait précédemment déclaré que la présence militaire française au Tchad avait coïncidé avec une augmentation des activités terroristes, remettant en question son efficacité pour renforcer la sécurité du pays.
Par ailleurs, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a déclaré jeudi dans une interview au journal Le Monde qu’ « il n’y aura bientôt plus de troupes françaises au Sénégal ». La France compte actuellement 350 soldats stationnés dans le pays d’Afrique de l’Ouest, mais prévoit de réduire ce contingent à 100 dans le cadre d’une reconfiguration militaire plus large.