Au cours des dernières décennies, l’Asie du Sud-Est est devenue l’une des régions les plus dynamiques au monde, abritant certaines des économies à la croissance la plus rapide. Ce groupe inclut l’Indonésie, quatrième pays le plus peuplé au monde. Entre 2000 et 2023, le taux de croissance moyen des économies sud-asiatiques s’est établi à 5 %. Cette performance remarquable a été maintenue malgré une période de crises majeures, notamment la crise financière mondiale, la crise de la dette souveraine européenne et la pandémie de Covid-19. De plus, cette croissance s’est accompagnée d’une stabilité impressionnante, avec seulement trois années où la croissance était inférieure à 4 %.
Cependant, après des décennies de forte croissance et de stabilité, des défis structurels risquent de ralentir le rythme des progrès de l’Indonésie. Pour y remédier, des réformes institutionnelles et une plus grande ouverture commerciale sont nécessaires afin d’améliorer l’efficacité et d’attirer davantage d’investissements directs étrangers (IDE), permettant ainsi de préparer la prochaine phase de croissance. Malgré cela, les perspectives globales restent favorables.
Le président récemment élu, PrabowoSubianto, entré en fonction en octobre pour un mandat de cinq ans, s’est engagé à assurer la continuité économique et à poursuivre une politique favorable aux entreprises. Selon nous, l’Indonésie devrait maintenir une croissance stable et solide d’environ 5 % dans les années à venir. Trois facteurs principaux soutiennent cette prévision positive, malgré des obstacles tels que le protectionnisme croissant des États-Unis et la volatilité des prix des matières premières.
- Une dynamique démographique favorable :
La démographie constitue un avantage structurel à long terme pour l’Indonésie. La population continue de croître rapidement, et sa composition favorise une expansion économique plus rapide dans les décennies à venir. Avec une population relativement jeune, le nombre d’actifs devrait continuer à croître plus rapidement que celui des dépendants, générant un « dividende démographique ». Cette condition, où la part de la population en âge de travailler (15 à 64 ans) dépasse celle des non-actifs, a débuté en 2013 et devrait rester favorable jusqu’au début des années 2040. Ce dividende pourrait ajouter au moins 1 % de croissance annuelle au PIB réel au cours des deux prochaines décennies. Durant cette période, l’Indonésie pourrait intégrer plus de 100 millions de personnes dans la classe des consommateurs, une expansion comparable seulement à celle de la Chine et de l’Inde.
- Une discipline budgétaire rigoureuse :
La règle budgétaire de l’Indonésie, en vigueur depuis 1967, reste un pilier clé de la stabilité macroéconomique. Elle fixe un plafond de déficit de 3 % du PIB et, depuis 2004, une limite d’endettement de 60 % du PIB. Même pendant la pandémie de Covid-19, où le plafond a été temporairement levé, le déficit a rapidement été ramené sous contrôle. Actuellement, la dette publique est stabilisée autour de 40 % du PIB, un niveau inférieur à celui des autres économies de l’ASEAN. Cette discipline garantit des notes de crédit souverain solides (au niveau « Investment grade ») et des coûts d’emprunt relativement faibles. Le nouveau gouvernement est attendu pour maintenir cette rigueur budgétaire, ce qui devrait préserver la confiance des investisseurs et permettre de continuer à investir dans les infrastructures à des coûts raisonnables, favorisant ainsi la croissance.
- Un programme ambitieux d’infrastructures :
L’Indonésie dispose d’un pipeline robuste de projets d’infrastructures et d’investissements en capital (CAPEX), représentant plusieurs centaines de milliards de dollars. Ces projets, concentrés dans des secteurs comme les transports (routes, ponts, chemins de fer, ports, aéroports), la logistique et l’énergie, figurent parmi les priorités du nouveau gouvernement. Un projet emblématique est le transfert de la capitale de Jakarta à l’île de Bornéo, à un coût estimé à 33 milliards USD. Ce déménagement vise à désengorger Jakarta tout en renforçant l’intégration de l’archipel, suivant les exemples de pays comme la Malaisie et le Myanmar.
En conclusion, les perspectives économiques de l’Indonésie restent prometteuses, portées par un gouvernement pro-entreprises, une démographie favorable, une discipline budgétaire rigoureuse, et un programme ambitieux d’investissements dans les infrastructures.