La Banque mondiale vient de publier son rapport sur la dette internationale 2024, et qui traite les données relatives à l’année 2023. Les chiffres sont à la limite choquants, confirmant qu’une grande partie des problèmes de développement proviennent d’un surendettement qui n’a servi à rien.
Il s’avère que les pays en développement ont dépensé un montant inédit de 1 400 milliards de dollars au titre du service de leur dette extérieure, son niveau le plus élevé depuis 20 ans, et dont 406 milliards de dollars d’intérêts.
Un fardeau de dette mondiale
Les pays les plus pauvres et les plus vulnérables ont payé un total de 96,2 milliards de dollars en 2023 pour honorer leurs engagements financiers internationaux. Les remboursements au titre du principal ont diminué de 8% en glissement annuel à 61,6 milliards de dollars. Toutefois, la hausse des taux a coûté cher pour pousser ces charges à 34,6 milliards de dollars, 4 fois le chiffre d’il y a 10 ans.
En raison du resserrement des conditions de crédit, les institutions financières multilatérales sont devenues la principale bouée de sauvetage des économies les plus pauvres. Depuis 2022, les créanciers privés étrangers ont reçu près de 13 milliards de dollars de plus en remboursement de la dette contractée par des emprunteurs du secteur public des pays les plus pauvres. Au cours de la même période, les institutions multilatérales ont injecté près de 51 milliards de dollars de plus.
Les remboursements au titre du principal ont diminué de 8% en glissement annuel à 61,6 milliards de dollars. Toutefois, la hausse des taux a coûté cher pour pousser ces charges à 34,6 milliards de dollars, 4 fois le chiffre d’il y a 10 ans.
Jouer le rôle du prêteur en dernier ressort n’a jamais été le rôle de ces établissements, mais la défaillance du système de financement mondial les a poussés à l’être. Fin 2023, la dette extérieure totale de l’ensemble des pays à revenu faible et intermédiaire a atteint le chiffre record de 8 800 milliards de dollars, soit une augmentation de 8% par rapport à 2020. La progression en pourcentage a été deux fois plus importante pour les pays les plus pauvres, dont la dette extérieure totale a grimpé à 1 100 milliards de dollars, c’est-à-dire une hausse de près de 18%.
En 2023, les taux d’intérêt sur les prêts des créanciers publics ont doublé et excèdent 4%, tandis que les taux appliqués par les créanciers privés ont augmenté de plus d’un point pour atteindre 6%, leur pic en 15 ans. Si les taux d’intérêt mondiaux ont commencé à baisser, ils devraient rester supérieurs à la moyenne qui prévalait au cours de la décennie précédant la pandémie.
Chiffres de la Tunisie
En ce qui concerne la Tunisie, les chiffres montrent un encours de dette externe total de 41,279 milliards de dollars. Cela comprend la dette extérieure publique à long terme et garantie par l’État, la dette extérieure privée à long terme non garantie, l’utilisation des crédits du FMI et des droits de tirage spéciaux ainsi que la dette extérieure à court terme. C’est l’endettement de tous les opérateurs économiques. Elle représente 180% des exportations de 2023 et 87% du revenu national brut. Le service de la dette de 2023 a représenté 23% des exportations et 11% du revenu national brut.
En ce qui concerne la dette publique (22,663 milliards de dollars), elle est contractée auprès d’institutions financières multilatérales à hauteur de 58%, dont 18% de la Banque mondiale et 11% de la BAD.
En ce qui concerne la dette publique (22,663 milliards de dollars), elle est contractée auprès d’institutions financières multilatérales à hauteur de 58%, dont 18% de la Banque mondiale et 11% de la BAD. Les créanciers privés ont 17%, alors que les accords bilatéraux ont permis de financer 25% de la dette globale. Nous trouvons en tête de liste la France (5%), l’Allemagne (5%) et le Japon (3%).
Pour le moment, cela reste soutenable. En 2024, nous avons vu une accélération des remboursements nets, ce qui devrait pousser l’encours global à la baisse. Il y a de fortes chances de le passer sous la barre des 40 milliards de dollars d’ici la fin de 2025.