La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est arrivée jeudi 5 décembre 2024 à Montevideo, en Uruguay. Et ce, dans le but de finaliser l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur (marché d’Amérique latine et du Sud) après des décennies de négociations. Alors même que la France (mais d’autres pays aussi) continue de s’opposer à l’accord. En tentant de former des alliances au sein de l’Union européenne, pour bloquer sa ratification.
L’arrivée de von der Leyen dans ce pays d’Amérique latine a coïncidé avec la censure du gouvernement français de Michel Barnier par l’Assemblée nationale.
L’accord entre les quatre membres fondateurs du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) et l’UE est en discussion depuis 1999. Il vise à supprimer la plupart des tarifs douaniers entre les deux blocs, afin de créer un immense marché avec plus de 700 millions de consommateurs.
« La ligne d’arrivée de l’accord UE-Mercosur est visible. Travaillons, franchissons-la. Le plus grand partenariat commercial et d’investissement que le monde ait jamais connu. Les deux régions en bénéficieront ». C’est ce que déclarait jeudi la présidente de la Commission dans un message publié sur X.
Le Mercosur, qui comprend les principaux producteurs agricoles mondiaux, à savoir le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay, se réunit pour un sommet prévu à Montevideo la capitale de l’Uruguay. Les négociateurs attendant désormais le dévoilement d’un accord commercial. A cet égard, notons, cependant, qu’un précédent accord, signé en 2019, n’a pas été ratifié par les États membres de l’UE.
Trois sources de pays d’Amérique latine impliquées dans les négociations ont déclaré que l’accord avait été finalisé et qu’il serait annoncé ce vendredi par les dirigeants du Mercosur et von der Leyen, une fois que les deux parties auront pu régler les derniers détails sur les questions environnementales et les marchés publics. « Tout s’est déroulé comme nous l’espérions. Nous sommes parvenus à un accord qui satisfait les deux parties », a déclaré l’une des sources.
Défenseurs et critiques
Toutefois, la présidente de la Commission, quelques jours seulement après le début de son deuxième mandat, est confrontée à de fortes réactions négatives au sein du bloc européen à propos de cet accord. En effet, il a divisé l’Europe, les agriculteurs et Paris étant les plus virulents critiques du projet d’accord. Alors que la France est en crise politique, le bureau du président Emmanuel Macron a publié une déclaration affirmant que l’accord prévu entre l’UE et le Mercosur était « inacceptable ».
De nombreux agriculteurs et éleveurs, qui se mobilisent depuis plusieurs années contre lui, craignent que notamment la viande de bœuf et les céréales d’Amérique latine n’inondent les marchés européens. De même qu’ils mettent en garde contre une concurrence déloyale de produits qui ne sont pas soumis aux strictes normes environnementales et sanitaires en vigueur dans l’UE.
Dans le même temps, les critiques craignent que les agriculteurs européens ne soient contraints à une guerre des prix sans merci. Et ce, tout en alimentant la destruction de la forêt tropicale en Amérique latine. Ainsi, de nombreuses ONG et militants de gauche estiment que la création de cette immense zone de libre-échange va accélérer la déforestation en Amazonie et aggraver la crise climatique en augmentant les émissions de gaz à effet de serre. Greenpeace dénonce quant à elle un projet d’accord environnemental « désastreux », sacrifié en faveur des « profits des entreprises ».
La Commission souligne en revanche que l’accord pourrait permettre aux entreprises européennes d’économiser environ 4 milliards d’euros par an en droits de douane et de stimuler les exportations.
L’accord permettra à l’UE, déjà le plus grand partenaire commercial du Mercosur, d’exporter plus facilement ses voitures, ses machines et ses produits pharmaceutiques.
D’un autre côté, cela avantagerait les pays sud-américains intéressés à vendre, entre autres, de la viande, du sucre, du riz, du miel et du soja à l’Europe.
En Europe, les partisans de l’accord soulignent également la nécessité de créer des débouchés pour les exportateurs et de ne pas laisser le champ libre à la Chine, un rival avec lequel les relations commerciales sont considérablement tendues. Une nécessité encore plus pressante avec le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, qui menace d’imposer des droits de douane sur les produits européens.