Les changements géopolitiques contemporains, couplés à l’essor de la transformation numérique, redéfinissent la cartographie mondiale. Alors que les États et les acteurs privés rivalisent pour le contrôle des données et des ressources, la cartographie devient un outil stratégique essentiel pour comprendre et naviguer dans cette nouvelle réalité.
La convergence entre géopolitique et technologie numérique façonne non seulement les relations internationales, mais aussi les dynamiques de pouvoir à l’échelle locale et globale. Arslan Chikhaoui, expert en géopolitique et président exécutif du centre Nord Sud Venture (NSV) Algérie, met en lumière plusieurs dynamiques clés qui façonnent les relations internationales et régionales. Et ce, dans son intervention lors du panel “L’adaptation aux changements géopolitiques : enjeux et opportunités” de la 38e édition des Journées de l’entreprise, ce vendredi 6 décembre 2024, organisée par l’IACE à Sousse.
Arslan Chikhaoui a présenté une analyse des changements géopolitiques mondiaux. Il souligne que le monde évolue vers un multilatéralisme et une multipolarité, remettant en question le duopole entre les États-Unis et la Chine, qui pourrait bientôt s’estomper. Tout en déclarant : “Cette bipolarité ou duopole entre la Chine et les États-Unis va s’estomper d’ici quelque temps ».
À ce propos, il précise : « Je donnerai 100 jours au président Donald Trump pour pouvoir arriver à ce que j’appellerai un gentleman agreement entre la Chine et les Etats-Unis ».
Par ailleurs, l’expert en géopolitique met en avant l’importance des minerais critiques, notamment les terres rares, qui sont essentiels pour la révolution technologique actuelle. L’accès à ces ressources, principalement situées en Chine et en Afrique, est crucial pour le développement de technologies vertes et numériques. Tout en soulignant : « Cette transition est alimentée par un besoin croissant d’accès aux minerais stratégiques, essentiels pour la technologie et l’économie verte, notamment ceux présents en Afrique et en Chine ».
Dynamique méditerranéenne et alliances régionales
Autre point soulevé, il a observé une dynamique croissante autour de la Méditerranée occidentale, où des pays industrialisés cherchent à sécuriser l’accès aux ressources nécessaires pour répondre aux défis climatiques. Il a également souligné l’importance de la stabilité régionale et de la recomposition des alliances, comme en témoigne celle trilatérale entre la Libye, la Tunisie et l’Algérie.
3M : marché, mobilité et monnaie
Il a introduit le concept des 3M : marché, mobilité et argent comme piliers essentiels pour éviter les confrontations globales. Ces éléments doivent être intégrés pour favoriser des partenariats stratégiques sur les plans économique et politique.
Il a également abordé les crises identitaires qui émergent dans les pays industrialisés, conséquence d’une résistance à l’émancipation économique du Sud global. Malgré ces défis, il existe des opportunités à saisir, notamment dans le cadre des reconstructions après les conflits, où les entreprises doivent se positionner pour bénéficier de financements.
En somme, l’expert en géopolitique a appelé à une réflexion sur la manière dont les entreprises peuvent tirer parti des crises pour se développer. Il a souligné que l’Histoire montre que certaines entreprises prospèrent en temps de guerre ou de crise, et il est essentiel d’identifier les opportunités qui se présentent dans ce contexte géopolitique en évolution rapide.