Le nom du futur Premier ministre français sera communiqué dans les prochains jours. L’heure de François Bayrou a-t-elle enfin sonné ? La réponse ne saurait tarder.
Son nom est sur toutes les lèvres. Dans l’attente de l’arrivée d’un nouveau gouvernement, la présidence de la République ayant indiqué que le chef de l’État « prenait acte » de la démission de Michel Barnier – renversé par une motion de censure de l’Assemblée nationale, mercredi 4 décembre et chargé désormais d’expédier le traitement des affaires courantes -, François Bayrou est pressenti pour lui succéder.
Homme de compromis
Pourquoi son nom est souvent murmuré dans le microcosme parisien ? Le centriste, souvent consulté par Emmanuel Macron pour choisir le Premier ministre mais jamais nommé, est désormais favori pour Matignon.
Signe révélateur ? Il a été reçu, jeudi 5 décembre, à l’Elysée pour un déjeuner en tête à tête avec le président de la République. Certes, Emmanuel Macron s’est entretenu avec d’autres personnalités, dont Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, mais François Bayrou est le seul à être en lice pour devenir Premier ministre.
Durant la rencontre, le locataire du palais de l’Elysée lui a-t-il proposé le poste ou lui a simplement demandé son avis sur un autre prétendant ? Il semble évident que dans un contexte d’une crise politique sans précédent, avec une Assemblée tripartite, et en l’absence de majorité suffisante, François Bayrou pourrait être l’une des meilleures options pour la nomination d’un Premier ministre. Un choix par défaut en quelque sorte.
Et ce, d’autant plus que François Bayrou traîne une longue carrière politique derrière lui. Homme de compromis, ce bon centriste paraît de fait en mesure d’ouvrir le dialogue avec la plupart des familles politiques.
À noter que depuis des mois, le patron du MoDem plaide pour la formation d’un « gouvernement désintéressé, pluraliste et cohérent » constitué de « personnalités de caractère » sans préciser les bords politiques qui pourraient ou non y prendre part.
S’il était choisi par le chef de l’État, sa mission consisterait à construire laborieusement une majorité de coalition ou du moins éviter un pacte de censure contre son propre gouvernement. Raison pour laquelle l’ex-Premier ministre, Michel Barnier, fut renversé après l’adoption d’une motion de censure de la gauche soutenue par le Rassemblement national de Marine Le Pen.
Un soutien de taille
En effet, le président du MoDem, un ami de longue date du chef de l’État, vient de recevoir la bénédiction inattendue d’un adversaire politique de taille, en l’occurrence l’ancien Premier ministre socialiste de François Hollande, Bernard Cazeneuve. Lequel a assuré, jeudi 6 décembre, au micro de LCI que Bayrou « ferait un bon Premier ministre. Il a toutes les qualités pour ça ». A-t-il tourné le dos à son propre camp en s’abstenant de soutenir la candidature de la socialiste Lucie Castets pour le poste de Premier ministre ?
Toujours est-il que dans un geste appuyé au président centriste du MoDem, Bernard Cazeneuve a déclaré, toujours sur LCI, que « le centre ne peut pas être la réponse seule, mais le choix du centre peut rassembler des gens différents ; on peut surmonter les divisions, spécialement quand la situation du pays est très inquiétante et très grave ».
Et d’ajouter : « Ce qui s’impose, ce sont des rassemblements de personnalités qui gardent leurs idées, mais décident de travailler ensemble. C’est la vocation du centre de rassembler ». Le clin d’œil ne souffre aucune ambigüité !
Vers un pacte politique ?
C’est que ces deux personnalités politiques se connaissent bien. L’été dernier, alors que le nom de Bernard Cazeneuve circulait déjà pour Matignon à l’issue des législatives, il avait reçu le soutien de l’ancien candidat à la présidentielle. Le socialiste s’était même rendu aux universités de rentrée du MoDem.
Cherchent-ils à sceller un pacte politique ? Toujours est-il que Bernard Cazeneuve, qui a quitté le PS et fondé son propre mouvement, La Convention, a rencontré François Bayrou, jeudi 5 décembre. Pour être nommé Place Beauvau en contrepartie de son ralliement ?
Sur le plan politique, il est de notoriété publique que les deux hommes n’ont pas La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon comme tasse de thé. Cazeneuve n’a-t-il pas fustigé, rien que vendredi dans La Presse de la Manche : « Les positions de cette organisation politique, sur des sujets qui m’apparaissent fondamentaux (laïcité, lutte contre l’antisémitisme…) sont très loin de ce que sont mes convictions. Il arrive qu’on explique que si l’on dénonce les outrances de LFI, ses travers, c’est qu’on n’est pas à gauche… ».
Le ralliement du socialiste au patron du Mouvement Démocrate, dont nul n’ignore l’envie irrépressible de s’installer à Matignon, fera-t-il pencher la balance en sa faveur dans l’esprit d’un Emmanuel Macron encore traumatisé par l’échec terrible de sa dissolution hasardeuse ?
L’avenir proche nous le dira.