Lors du petit-déjeuner-débat organisé mercredi 11 décembre 2024 par la Chambre de commerce tuniso-belgo-luxembourgeoise, Ramzi Jelalia, CEO de RNJ Advisory, a livré une analyse approfondie des enjeux de l’hydrogène vert en Tunisie.
Malgré un cadre réglementaire bien établi pour les énergies renouvelables, notamment le solaire et l’éolien, la Tunisie souffre de l’absence d’une réglementation spécifique pour l’hydrogène vert. Les projets doivent actuellement se conformer aux règles de droit commun, souvent inadaptées à cette industrie émergente.
Ramzi Jelalia a toutefois signalé qu’un code spécifique pour les énergies renouvelables et l’hydrogène est en cours d’élaboration, ce qui pourrait remédier à cette faiblesse et attirer davantage d’investissements.
Le potentiel en énergies renouvelables de la Tunisie est énorme, selon des études récentes, et cet atout suscite un vif intérêt de la part des investisseurs. Plusieurs lettres d’intention ont déjà été signées, témoignant d’un engouement croissant pour des projets d’hydrogène. « La Tunisie doit saisir cette opportunité unique pour capter des investisseurs dotés de capacités financières importantes », a souligné Jelalia.
Cependant, la concrétisation de ces projets reste confrontée à des contraintes majeures. La problématique foncière, en particulier, est un obstacle important. La production d’hydrogène nécessite de vastes terrains, mais le cadre juridique actuel, notamment pour la gestion des terres collectives, manque de clarté et pourrait freiner le développement de ces projets.
La concurrence régionale constitue une autre difficulté. Des pays voisins, comme l’Algérie, se lancent également dans la production d’hydrogène et pourraient détourner les investisseurs. Ramzi Jelalia a évoqué le précédent du gazoduc algérien des années 1980, rappelant que la Tunisie doit rester compétitive pour éviter d’être marginalisée.
Malgré ces défis, la position stratégique de la Tunisie en Méditerranée offre des perspectives prometteuses. Jelalia a rappelé que le pays, historiquement qualifié de « grenier de Rome », pourrait devenir un fournisseur clé d’énergie renouvelable et d’hydrogène pour l’Europe. Il plaide en faveur de partenariats équilibrés et de projets « win-win » entre les pays du nord et du sud de la Méditerranée pour réussir cette transition énergétique.