Le prétendu printemps arabe a apporté son lot de malentendus, de déstabilisation et de méfiance mutuelle avec un durcissement supplémentaire des positions au sujet du Sahara Occidental causant ainsi la mort clinique de l’Union du Maghreb Arabe et faisant de l’Afrique du Nord, une zone de tension et d’instabilité et la sous région la plus dysfonctionnelle du continent africain qui est loin d’être classée parmi les régions les stables et les plus propices au développement.
Pour sa part, ses choix politiques, économiques et diplomatiques du dernier quart de siècle ont soumis la Tunisie a toute sorte d’expérimentations dont le résultat est pour le moins douteux avec une explosion du chômage, du coût de la vie et de l’endettement en plus d’une croissance quasi négative et une marginalisation internationale inquiétante.
C’est dans cette situation de vulnérabilité exceptionnelle que la Tunisie devra affronter les nouveaux bouleversements géostratégiques sur le théâtre européen, son principal partenaire économique, et dans la zone MENA, son arrière pays politico-culturel.
La vague qui a tout l’air d’un tsunami et qui en quelques jours a submergé Damas, ne s’arrêtera pas au Moyen Orient et se rapprochera fort probablement de nos frontières au cours des prochains mois si ce n’est pas dans les semaines qui suivent.
La Tunisie n’a pas d’autre choix pour y faire face avec le minimum de dégâts qu’en adoptant des mesures urgentes visant la consolidation du front intérieur tant par une décrispation du climat politique et social qu’en relançant l’économie en nuançant la culture distributive et de l’endettement au profit de celle du travail, de l’initiative et de création de la richesse.
Une économie de guerre gagnerait à être adoptée avant qu’elle ne nous soit imposée par une conjoncture qui risque de ne pas nous laisser le temps de nous organiser pour sauver ce qui peut l’être.
Une amnistie générale politique et économique gagnerait à être décrétée pour permettre à la Tunisie de faire face à l’ouragan qui se profile à l’horizon avec plus de chances de survie qu’en l’état actuel.
Une armée ne peut affronter un ennemi redoutable en rangs dispersés tant en ce qui concerne la Tunisie au niveau de la classe politique que de la société civile et de la classe d’entrepreneurs et créateurs d’emplois et de richesse.
Quand le pays fait face à un danger mortel, on n’a pas le luxe d’exiger d’avoir une armée d’anges et de saints, mais on doit pouvoir se contenter d’un front suffisamment capable d’offrir une barrière contre les différentes méthodes de déstabilisation et d’effritement de l’unité nationale qui semblent appelées à s’accentuer.
Des gestes symboliques et sincères envers des responsables politiques, de la société civile et des milieux d’affaires et un appel à l’union nationale en dépit des différences et des errements du passé, contribueraient à augmenter la capacité de résistance de la Tunisie au tsunami que certains promettent à toute la région
MENA.
Seule une politique d’union nationale et d’économie de guerre sera en mesure d’assurer la stabilité, l’invulnérabilité et peut être même la survie de la Tunisie. Car dans cette conjoncture menaçante, ce qui compte le plus ce n’est pas tant de redresser les torts du passé que d’assurer la survie de la Tunisie indépendante et souveraine. »