La Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) a organisé à Tunis, samedi 14 décembre 2024, une manifestation à l’occasion du 76e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, célébrée dans le monde le 10 décembre chaque année.
Les participants ont, à cette occasion, abordé la situation des droits de l’Homme en Tunisie et dans le monde.
Les intervenants ont fait remarquer que la situation des droits de l’Homme « n’est pas idéale » tant au niveau local qu’au niveau international, notamment dans le contexte de la guerre à Gaza, qui a été marquée par des « violations criantes » de ces droits dans leurs aspects les plus fondamentaux.
Le vice-président de la LTDH, Jameleddine Essabaâ, a déclaré que la scène des droits de l’Homme en Tunisie connaît une « crise » en raison de « la détermination du pouvoir à exercer des restrictions sur les opposants, les politiques et les activistes de la société civile ».
Cette crise est également causée par la hausse du taux de violence faite aux femmes, la poursuite de la « marginalisation » des droits économiques, sociaux et environnementaux du citoyen et une hausse vertigineuse des prix, a-t-il dit.
Lors de la manifestation, un bref aperçu a été donné sur la situation des prisons en Tunisie. En effet, Mohamed Habib Bejaoui, membre du comité directeur de la LTDH, a indiqué que 60 % des détenus en Tunisie sont en détention préventive et 40 % seulement ont été condamnés à des peines de prison.
« La LTDH a conclu, dans son rapport sur la situation des prisons tunisiennes, suite à des visites effectuées à la fin de l’année dernière et au cours de l’année courante, que les conditions dans les prisons et les centres pour enfants délinquants sont extrêmement préoccupantes », a-t-il dit.
Les conditions carcérales « déplorables », a-t-il poursuivi, sont dues, notamment, à la surpopulation carcérale qui s’explique par « la lenteur dans le traitement des affaires, l’augmentation du nombre de mandats de dépôt et la dégradation de l’infrastructure des prisons ».
Le secrétaire général adjoint de l’Union générale tunisienne de travail (UGTT), Samir Cheffi, et le président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Zied Dabbar, ont appelé à « rassembler les forces civiles et renforcer davantage la coordination entre les organisations de la société civile afin d’éviter les restrictions sur les activités associatives et politiques. »
Dabbar a estimé que les droits de l’homme et la liberté d’expression en Tunisie sont menacés par plusieurs lois et décrets-lois, notamment le décret-loi n°54, la loi sur la lutte contre le terrorisme et le Code pénal.
Il a également souligné que la montée de l’extrême droite dans le monde a aggravé la situation des droits de l’homme, en particulier pour les migrants.
Selon le vice-président de la LTDH, la commémoration de telles occasions vise à rappeler aux États et aux autorités leurs obligations dans le domaine des droits de l’homme, soulignant que le monde connaît encore aujourd’hui des pratiques racistes contre les peuples et les individus et que plus de 670 millions de personnes dans le monde vivent dans une pauvreté extrême.
Les guerres et les famines continuent encore de causer la mort de millions de personnes, a-t-il déploré.
AVEC TAP