L’Allemagne se rapproche d’un point de non-retour dans un contexte de crise économique croissante et d’incertitude politique, souligne Bloomberg, mardi 17 décembre 2024.
Confrontée à une deuxième année de croissance nulle, la plus grande économie de l’UE est sur la voie d’un déclin, ou plutôt de s’effondrer, qui menace de devenir irréversible, prévient le média.
Selon les estimations, après cinq années de stagnation, l’économie allemande est aujourd’hui 5 % plus petite qu’elle aurait pu l’être si la tendance de croissance d’avant la pandémie de Covid-19 s’était poursuivie.
Le ralentissement économique mondial ainsi que des années de « mauvaises » décisions ont durement touché l’Allemagne, indique l’article. Son industrie, axée sur l’exportation et représentant environ 30 % de son PIB, est confrontée à des défis structurels, tels que la perte de l’énergie russe bon marché et les difficultés des géants de l’automobile Volkswagen et Mercedes-Benz, frappés par la flambée des coûts de l’énergie et la concurrence accrue de la Chine.
Selon les calculs de Bloomberg, la baisse de compétitivité nationale se traduirait par une perte annuelle d’environ 2 500 euros par ménage. Le « démantèlement » de l’économie allemande aurait des répercussions sur le reste de l’UE, préviennent les experts.
« L’Allemagne ne s’effondre pas du jour au lendemain. C’est ce qui rend ce scénario si terrifiant et déchirant », a déclaré à la chaîne de télévision Amy Webb, PDG du Future Today Institute, qui conseille les entreprises allemandes en matière de stratégie. Selon elle, un ralentissement progressif et prolongé affecterait non seulement les entreprises et les villes allemandes, « mais l’ensemble du pays, et l’Europe serait entraînée dans son effondrement ».
Cette crise intervient alors que le pays se prépare à des élections anticipées en février. La coalition tripartite du chancelier Olaf Scholz s’est effondrée au début du mois après l’éviction du ministre des Finances, Christian Lindner.
Le ministre allemand de l’Economie, Robert Habeck, qui entend se présenter à la chancellerie l’année prochaine, a déclaré dimanche 15 décembre 2024 que son pays était acculé dans une impasse en raison d’investissements insuffisants dans ses infrastructures et sa main d’œuvre qualifiée.
La Banque centrale allemande a réduit vendredi 13 décembre sa prévision de croissance pour l’année prochaine à 0,2%, contre 1,1% en juin. Le régulateur a également déclaré qu’il s’attendait à une contraction de l’économie de 0,2% cette année, après avoir précédemment prévu une croissance modeste de 0,3%.
« La compétitivité de l’industrie allemande s’est dégradée », a déclaré Joachim Nagel, président de la Bundesbank, au début du mois. « La croissance des marchés étrangers n’a pas stimulé la croissance comme par le passé. »
Selon les économistes de Bantleon, l’industrie automobile allemande, autrefois en plein essor, devrait perdre des parts de marché et accélérer la délocalisation de la production à l’étranger. Le secteur pourrait ainsi perdre jusqu’à 40 % de sa valeur ajoutée en Allemagne au cours de la prochaine décennie.
L’économie allemande a pris du retard par rapport à ses pairs ces dernières années, en grande partie en raison d’un ralentissement prolongé du secteur manufacturier. L’Allemagne a été la seule économie du G7 à connaître une contraction en 2023.