La Tunisie a voté en faveur de la résolution de l‘Assemblée générale des Nations unies appelant à l’arrêt de l’application de la peine de mort. Un total de 130 pays ont voté en faveur de la résolution, contre 32 pays opposés, et 22 pays qui se sont abstenus. Il est à noter que l’Assemblée générale des Nations unies a adopté cette résolution pour la première fois en 2007, avec l’approbation de 104 pays, l’opposition de 54 pays et l’abstention de 29 pays.
Le soutien à cette résolution concernant la peine de mort a augmenté lors des votes suivants à l’Assemblée générale, le dernier ayant eu lieu en 2022, lorsque 125 pays ont voté en sa faveur, contre 37 pays opposés, et 22 pays qui se sont abstenus de voter. La Mauritanie et la Libye se sont abstenues de voter. Cette fois, le Maroc et l’Algérie ont voté en faveur de cette résolution.
Retour sur l’approche de la Tunisie concernant la peine capitale
La Tunisie a adopté une position ambivalente sur la question de la peine de mort, marquée par une absence d’exécutions depuis 1991 et un moratoire de fait qui persiste depuis plus de trois décennies. Toutefois, cette position a été récemment influencée par les déclarations du président Kaïs Saïed, qui a exprimé son opposition à l’abolition immédiate de la peine capitale.
Un moratoire de fait : l’absence d’exécutions depuis 1991
Bien que la peine de mort reste inscrite dans le Code pénal tunisien, la Tunisie n’a pas procédé à une exécution depuis 1991. En 2006, la Tunisie a adopté de fait un moratoire sur la peine de mort, une position qu’elle maintient jusqu’à aujourd’hui. Cette décision s’inscrit dans un contexte de respect des droits humains et de réformes progressistes menées dans les années 2000. Ce moratoire a été reconduit de manière tacite au fil des années, avec plusieurs actions montrant l’engagement de la Tunisie sur la scène internationale en faveur de l’abolition de la peine capitale. En 2015, la Tunisie a d’ailleurs voté en faveur de la résolution des Nations unies appelant à un moratoire mondial sur la peine de mort, confirmant ainsi son engagement vers l’abolition progressive.
La position sous la présidence de Kaïs Saïed
Depuis son élection en 2019, le président Kaïs Saïed a exprimé une position plus conservatrice sur le sujet. Bien qu’il ait réaffirmé le moratoire de fait sur les exécutions, il a également défendu l’idée que la peine de mort reste légale dans le système juridique tunisien. En 2020, lors d’un discours, Kaïs Saïed a souligné qu’il était nécessaire de respecter les lois et les décisions du peuple, sans engager de réforme immédiate pour l’abolition de cette peine capitale. Il a insisté sur le fait que, bien que la peine de mort n’ait pas été appliquée depuis des années, il était important de conserver la possibilité légale de son application.