A la tête de la Syrie depuis 24 ans, l’homme qui se la coule douce dans son exil doré moscovite, aura accumulé en 24 ans de règne absolu une fortune considérable en piochant dans les caisses de l’Etat ou des institutions financières. Des avoirs et biens mal acquis du clan du président déchu, Bachar Al-Assad, que les nouveaux maîtres de Damas aimeraient bien récupérer.
En 2019, révèle le prestigieux quotidien britannique The Financial Times dans son édition du 15 décembre 2024, les proches de Bachar Al-Assad avaient acquis pas moins d’une vingtaine d’appartements à Moscou. « Un moyen de mettre leur argent à l’abri en cas de départ précipité et de chute du pouvoir ».
Main basse sur la Banque centrale
Déjà entre 2018 et 2019, l’ex-président syrien « avait vidé les caisses de sa banque centrale pour rembourser la Russie de son aide militaire contre l’Etat islamique ».
Et de détailler : « C’est un véritable pont aérien monétaire qui s’était mis en place entre la Syrie et la Russie lors de la guerre civile qui a ravagé le pays ».
« Sous haute surveillance, près de deux tonnes de billets de 100 dollars et 500 euros ont été acheminés depuis la Syrie sur le tarmac de l’aéroport Vnoukovo à Moscou entre 2018 et 2019. Vingt et un vols de ces cargos remplis de cash ont eu lieu entre les deux pays pendant ces deux années. Ce transfert d’argent, qui a vidé les caisses de la Banque de Syrie, visait à rembourser la Russie pour ses dépenses militaires au bénéfice du pouvoir en place ».
« L’assistance de Moscou, ajoute le média, n’était pas que militaire mais aussi monétaire. C’est le groupe russe public Goznak qui était chargé de l’impression et de la fabrication des billets de banque dans la monnaie syrienne, expédiés eux aussi vers la Syrie par la voie aérienne ».
La fortune colossale de Bachar Al-Assad
Mais à combien s’élève la fortune du clan Assad? C’est difficile à estimer précisément en raison de la nature opaque de leurs actifs. Cependant, des rapports suggèrent qu’elle s’élèverait à plusieurs milliards de dollars.
En effet, certaines estimations évoquent une fortune colossale de plusieurs milliards de dollars. Pour sa part, The Guardian l’avait estimée entre 1 et 1,5 milliard de dollars. Mais, c’est le gouvernement américain qui, en 2022, a établi l’estimation de référence.
Pour le département d’État, Bachar al-Assad et sa famille proche disposaient à l’époque d’au moins un à deux milliards de dollars d’avoirs. Tout en reconnaissant que cette estimation était approximative. En effet, il est très difficile de donner un montant exact, car ces actifs « sont dispersés et dissimulés dans de nombreux comptes, portefeuilles immobiliers, sociétés et paradis fiscaux offshore. ».
Sachant que ces chiffres correspondent à la fortune du président en fuite, mais aussi de son frère, sa sœur, ses cousins et son oncle. Le département d’Etat a précisé ne pas avoir assez d’informations sur les biens des trois enfants de Bachar al-Assad, Hafez Bachar, Zein et Karim pour les inclure.
S’agissant d’Asma al-Assad, elle est en particulier accusée d’avoir détourné des millions de dollars d’aide humanitaire versés au fil des ans par des organisations internationales à des œuvres caritatives syriennes mises sous la tutelle, pour une partie, de l’ex-Première dame.
Pour résumer, le clan Assad a rempli ses coffres personnels essentiellement « en faisant main basse sur des secteurs entiers de l’économie – comme les télécommunications, le bâtiment, la banque ou le fret – depuis la prise de pouvoir de Hafez al-Assad », souligne le cabinet britannique Latymer Partners, qui a été l’un des premiers, dès 2012, à essayer d’évaluer la fortune de Bachar al-Assad.
Les mains sales
Toujours selon le département d’Etat américain, Bachar al-Assad a pu aussi profiter des fruits des trafics de drogues telles que le captagon, supervisé par son frère Maher al-Assad. Cette drogue de synthèse, dont la Syrie serait le principal producteur, a pu rapporter au fil des ans des milliards au régime syrien.
Il s’agit à l’origine d’un médicament allemand à base de fénétylline, un psychostimulant de la famille des amphétamines, prescrit contre l’hyperactivité ou la dépression.
Classé comme stupéfiant en 1986, le captagon n’est plus commercialisé. Mais il continue à être diffusé via un commerce de contrebande qui s’est développé notamment au Moyen-Orient.
Le New Yorker affirme dans un article publié le 4 novembre 2024 que le « régime Assad contrôle une grande partie du commerce de captagon et engrange des milliards de dollars par an ».
Le « personnage le plus important dans la production et la distribution du captagon par le gouvernement serait le frère cadet du président, Maher al-Assad ». Le journal américain chiffre le commerce des amphétamines en Syrie à environ « dix milliards de dollars ».
Un trafic de drogues évalué à 10 milliards de dollars? Pour comparaison, le produit intérieur brut officiel du pays est de neuf milliards de dollars. Et vous comprendrez la suite!