Dans son rapport sur l’avenir de la compétitivité européenne publié en septembre 2024, Mario Draghi, ancien gouverneur de la Banque centrale européenne, dresse un tableau alarmant pour illustrer la stagnation de l’économie de l’Europe qui, selon lui, entame une « lente agonie ». Les épreuves que traverse actuellement l’Europe, touchent particulièrement les deux grandes économies de l’Union, à savoir l’Allemagne et la France.
Locomotive économique de l’Union depuis des années, l’Allemagne se voit confronter à des difficultés conjoncturelles et structurelles qui ont pesé lourdement sur sa croissance économique. La hausse des prix de l’énergie suite à la perte des importations bon marché du gaz russe après la guerre en Ukraine et la crise du secteur automobile qui n’a pas pu résister à la concurrence des voitures électriques chinoises, ont fait fondre les excédents commerciaux historiques du pays germanique. Après une baisse du PIB de 0.3% en 2023, les experts tablent sur une récession de 2% en 2024 et un retour à une croissance timide à partir de 2025.
De son côté, la France a bien enregistré une augmentation du PIB de 1,1% en 2024, mais les prévisions sont assez pessimistes pour 2025. Dans son dernier rapport de décembre, l’OCDE a révisé à la baisse la croissance française à 0.9%, soit 0,3% de moins par rapport aux prévisions de septembre. Moody’s vient encore enfoncer le clou en abaissant la note de la France de Aa2 à Aa3 le 13 décembre. Selon l’agence, la fragmentation politique et la dette qui atteint 112% du PIB sont peu propices à un rétablissement des finances publiques et à une croissance soutenue.
Les répercussions des problèmes économiques des leaders européens sur l’économie tunisienne commencent à se faire sentir. Les excédents commerciaux avec la France et l’Allemagne ont baissé respectivement de 6% et de 19% sur les dix premiers mois de 2024 par rapport à l’année précédente. Il faut aussi s’inquiéter de la baisse des exportations du textile, habillement et cuir de 4,5% et de la régression des importations des matières premières et demi-produits de 3,5%. L’allégement du déficit commercial observé en 2024 n’est que l’arbre qui cache la forêt, doit-on continuer à s’en vanter ?
Par Lamia Jaidane-Mazigh
Cette analyse est disponible dans le magazine de l’Économiste Maghrébin N°909 – du 18/12/ 2024 au 1er/01/ 2025