L’année 2025 s’annonce marquée par des évolutions géopolitiques majeures, influencées par les tensions persistantes entre blocs rivaux, les transformations des alliances stratégiques, et les dynamiques économiques mondiales.
Ces tendances auront des répercussions directes et indirectes sur la Tunisie, en tant que pays à la croisée des chemins entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient.
ZOOM 2 – Les tensions géopolitiques au Moyen-Orient – Une menace pour la stabilité économique de la Tunisie
Le Moyen-Orient reste un épicentre de tensions géopolitiques, marqué par des conflits complexes et des rivalités persistantes.
Parmi ces tensions, le conflit latent entre l’Iran et Israël ainsi que la rivalité historique entre l’Arabie saoudite et l’Iran constituent les facteurs majeurs d’instabilité.
Ces dynamiques, bien que concentrées dans une région spécifique, ont des répercussions mondiales, notamment sur les prix de l’énergie et les relations économiques, avec des implications directes pour la Tunisie.
Première implication directe, un contexte régional sous tension
- Le conflit Iran-Israël : un équilibre fragile
Les tensions entre l’Iran et Israël, alimentées par des différends sur les programmes nucléaires et les ambitions régionales de l’Iran, restent une source de risque.
Une escalade militaire ou de nouvelles sanctions économiques contre l’Iran pourraient perturber les échanges commerciaux et énergétiques à l’échelle mondiale.
- La rivalité Arabie saoudite-Iran
Malgré une récente détente marquée par des efforts de normalisation, notamment sous l’égide de la Chine, les différends stratégiques entre ces deux puissances, qu’ils soient religieux ou géopolitiques, continuent de polariser la région.
Leur rivalité impacte des zones clés comme le Yémen et l’Irak, augmentant le risque de conflits par procuration.
- La normalisation Israël-pays arabes
La normalisation des relations entre Israël et certains pays arabes (notamment les Émirats arabes unis et Bahreïn via les Accords d’Abraham) marque une évolution dans les dynamiques régionales.
Cependant, ces rapprochements ne résolvent pas les divisions stratégiques, notamment autour de la question palestinienne, qui reste un point de fracture au sein du monde arabe.
Deuxième implication directe, les impacts pour la Tunisie
- Hausse des prix de l’énergie : un choc économique
La Tunisie dépend largement des importations pour couvrir ses besoins énergétiques. Une escalade des tensions au Moyen-Orient pourrait provoquer :
– Une flambée des prix du pétrole et du gaz : Toute perturbation des exportations énergétiques en provenance du Golfe (notamment via le détroit d’Ormuz, stratégique pour l’approvisionnement mondial) entraînerait une hausse des prix. Pour la Tunisie, cela se traduirait par une augmentation des coûts d’importation, aggravant son déficit commercial et mettant sous pression les finances publiques déjà fragiles.
– Une pression accrue sur le dinar : L’augmentation des importations énergétiques pèserait sur les réserves de devises, affaiblissant le dinar et amplifiant l’inflation importée.
- Tourisme et investissements en provenance du Golfe
L’instabilité au Moyen-Orient pourrait affecter les flux touristiques et les investissements étrangers, notamment en provenance des pays du Golfe :
– Baisse des investissements directs étrangers (IDE) : Les fonds en provenance du Golfe, qui jouent un rôle crucial dans le financement de projets en Tunisie, pourraient être réorientés vers des secteurs jugés moins risqués.
– Impact sur le tourisme : Les touristes originaires du Moyen-Orient, bien que représentant une part limitée des flux touristiques en Tunisie, pourraient réduire leurs voyages dans un contexte de tensions accrues.
- Effets indirects sur les partenaires européens
L’instabilité au Moyen-Orient pourrait également perturber les marchés européens, principaux partenaires économiques de la Tunisie. Une hausse des prix de l’énergie en Europe affecterait la demande pour les exportations tunisiennes, notamment dans des secteurs comme le textile et les composants automobiles.
Quelle stratégie pour la Tunisie ?
Pour limiter l’impact des tensions géopolitiques au Moyen-Orient, la Tunisie pourrait envisager plusieurs mesures stratégiques :
– Diversification des sources d’énergie : Accélérer la transition vers les énergies renouvelables pour réduire la dépendance aux importations de pétrole et de gaz.
– Renforcement des partenariats Sud-Sud : Explorer des partenariats avec des pays africains et asiatiques pour diversifier les flux d’investissements et diminuer la dépendance aux capitaux en provenance du Golfe.
– Développement du tourisme intérieur et régional : Encourager les flux touristiques locaux et africains pour atténuer les fluctuations liées aux crises internationales.
– Dialogue diplomatique équilibré : Maintenir une politique étrangère neutre, évitant de s’aligner sur des blocs régionaux pour préserver des relations constructives avec l’ensemble des acteurs du Moyen-Orient.
En définitive, les tensions géopolitiques au Moyen-Orient constituent une source majeure d’incertitude pour la Tunisie, avec des impacts potentiels sur les prix de l’énergie, les flux touristiques et les investissements étrangers.
Dans un tel contexte, la Tunisie doit anticiper ces risques en renforçant sa résilience économique et en diversifiant ses sources d’approvisionnement et ses partenaires économiques.
Une stratégie proactive permettra de minimiser les retombées de ces tensions sur une économie tunisienne déjà sous pression.
A suivre…
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Analyse des tendances géopolitiques en 2025 et leurs impacts sur la Tunisie (1)
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)