La baisse du volume global du refinancement des banques a attiré l’attention des analystes ces derniers jours. Au 23 décembre, il s’est établi à 11 926 MTND, en baisse de 3 424,2 MTND par rapport à la même date en 2023.
S’agit-il vraiment d’une surprise ? D’une bonne nouvelle ? Certes, cela traduit certaines améliorations, mais il ne faut pas se réjouir autant. Le diable se cache bien dans les détails.
Un gap emplois-ressources moins aigu
La tendance de la baisse du volume global du refinancement était attendue cette année pour plusieurs raisons.
La première est que le resserrement de la politique monétaire va booster les dépôts et bloquer les investissements. C’est effectivement ce que nous avons vu.
Jusqu’à fin septembre 2024, les dépôts d’épargne se sont établis à 32 823 MTND, en hausse de 1 895 MTND depuis le début de l’année. Les comptes à terme affichent un solde de 22 078 MTND, c’est-à-dire 2 431 MTND de plus qu’en décembre 2023. Même les dépôts à vue, non rémunérés, ont atteint un record de 30 476 MTND.
En ce qui concerne les financements, les banques résidentes ont accordé, en net, 1 758 MTND supplémentaires aux entreprises et 361 MTND aux individus. Le résultat est un gap emplois-ressources qui sera en repli fin 2024, ce qui implique une tension moins importante sur la liquidité bancaire.
Un État moins gourmand en bons du Trésor
La seconde est la stratégie d’endettement interne de l’État. Le Trésor a tenté de décélérer en termes d’émission de bons du Trésor. Jusqu’au 20 décembre 2024, l’encours des BTCT a diminué de 3 437 MTND sur un glissement annuel, alors que celui des BTA a augmenté de 2 654 MTND. En tout, c’est une réduction de 783 MTND.
Et comme ces titres passent par la case du refinancement auprès de la Banque centrale (dans la limite de 40%), la tendance baissière va fournir indirectement une liquidité supplémentaire au marché. Néanmoins, cela demeure limité, puisque le Trésor a mis l’accélérateur sur un autre mécanisme, qui est l’“Emprunt obligataire national“ qui ne bénéficie pas du refinancement.
En d’autres termes, le resserrement de la liquidité se concentre dans les périodes de mobilisation des ressources durant les périodes de souscription.
La BCT gagnera moins
Ce que nous venons de dire est reflété dans les chiffres. Les opérations de refinancement à plus long terme d’une durée d’un mois ont baissé, revenant à 473 MTND. Il y a bien davantage de liquidités au sein des banques.
Idem pour l’intervention de la Banque centrale par les opérations d’open market, impliquant un volume moyen de 5 825 MTND contre 8 382 MTND une année auparavant. Le régulateur a pu alléger son bilan, en achetant moins de bons du Trésor au cours de 2024.
Mais tout cela a une autre signification : les produits d’exploitation de la Banque centrale de Tunisie vont baisser cette année. Les intérêts sur intervention sur le marché monétaire sous forme d’achats sur appels d’offres ont représenté 48% du top line de l’Institut d’émission, soit 599 MTND. Les intérêts de financement sur le marché monétaire sous forme d’opérations de refinancement à un mois ont généré 66 MTND l’année dernière. Les bénéfices de la BCT seraient inférieurs à ceux de 2023, mais toujours élevés.