L’année 2025 s’annonce marquée par des évolutions géopolitiques majeures, influencées par les tensions persistantes entre blocs rivaux, les transformations des alliances stratégiques, et les dynamiques économiques mondiales.
Ces tendances auront des répercussions directes et indirectes sur la Tunisie, en tant que pays à la croisée des chemins entre l’Europe, l’Afrique, et le Moyen-Orient.
ZOOM 4. L’influence croissante de l’Afrique subsaharienne : Enjeux et implications pour la Tunisie
Plus que jamais, en 2025, l’Afrique subsaharienne est désormais au centre des dynamiques économiques et géopolitiques mondiales.
Avec une croissance économique soutenue, une population jeune et en expansion, et des ressources naturelles abondantes, cette région attire de plus en plus l’attention des grandes puissances et des investisseurs.
La Tunisie, bien que principalement orientée vers l’Europe, a tout intérêt à s’intégrer davantage à cet espace dynamique pour diversifier ses opportunités économiques.
L’Afrique subsaharienne : un pôle émergent de croissance
Avec une économie en pleine expansion, l’Afrique subsaharienne se distingue par des taux de croissance parmi les plus élevés au monde, soutenus par des secteurs clés tels que l’agriculture, les énergies renouvelables, les technologies de l’information et de la communication (TIC), ainsi que l’exploitation minière. Des pays comme le Nigeria, l’Afrique du Sud, le Kenya et le Rwanda en sont les principaux moteurs.
D’ici 2050, la région devrait compter environ 2,5 milliards d’habitants, ce qui en fait un vaste marché en pleine croissance et une source importante de main-d’œuvre. Ces caractéristiques attirent l’attention internationale.
Deux facteurs renforcent son attractivité. Tout d’abord, les grandes puissances mondiales, notamment les États-Unis, la Chine, l’Union européenne, la Russie et la Turquie, multiplient les investissements, accords commerciaux et projets d’infrastructure dans la région.
Ensuite, la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) facilite les échanges intra-africains, favorisant une coopération économique accrue entre les pays du continent.
Les opportunités d’intégration dans l’espace africain
La Tunisie pourrait tirer parti de cette dynamique en renforçant ses liens économiques et diplomatiques avec l’Afrique subsaharienne. D’une part, au niveau des accès à de nouveaux marchés, sachant une demande croissante en biens de consommation, en services et en technologies dans les pays subsahariens qui représente une opportunité pour les exportateurs tunisiens, notamment des secteurs de l’agro-industrie, des TIC, de la santé, et de l’éducation.
Ensuite, via un développement des infrastructures avec une meilleure intégration qui nécessite des investissements dans les infrastructures de transport et de logistique pour faciliter les échanges avec l’Afrique subsaharienne. Le développement des liaisons aériennes, maritimes, et terrestres est essentiel pour réduire les coûts de transaction et accroître la compétitivité tunisienne.
Enfin, grâce à une coopération stratégique, la Tunisie peut collaborer avec les pays subsahariens dans des secteurs clés comme les énergies renouvelables, l’agriculture durable, et les industries pharmaceutiques.
Pour autant, la compétition intense entre les grandes puissances et les multinationales pour les ressources africaines limite cependant la marge de manœuvre de la Tunisie. D’abord, au niveau de la Concurrence sur les ressources et les marchés : les acteurs majeurs comme la Chine et l’UE bénéficient d’une influence économique et politique considérable, rendant difficile pour des acteurs plus modestes comme la Tunisie de s’imposer sur les marchés africains.
Ensuite, au niveau de la pression diplomatique et la montée en puissance des partenariats stratégiques entre les grandes puissances et l’Afrique subsaharienne peuvent marginaliser les initiatives tunisiennes, si elles ne sont pas soutenues par une stratégie diplomatique proactive.
Pour saisir ces opportunités, la Tunisie devra surmonter plusieurs obstacles internes.
Tout d’abord, au niveau de la Faiblesse des infrastructures(Les ports, les routes, et les plateformes logistiques tunisiennes) qui nécessite une modernisation pour répondre aux exigences des échanges intercontinentaux.
Ensuite, au niveau de la diplomatie économique proactive par l’intensification de sa présence dans les institutions africaines, telles que l’Union africaine et les forums économiques régionaux, pour promouvoir ses intérêts et s’intégrer aux réseaux commerciaux subsahariens.
Pour maximiser les opportunités offertes par l’Afrique subsaharienne tout en limitant les risques, la Tunisie 2025 pourrait opter pour un renforcement des partenariats intra-africains en s’impliquant davantage dans la ZLECAf et en signant des accords bilatéraux avec les pays subsahariens et en diversifiant ses relations économiques.
Ensuite, en investissant dans les infrastructures logistiques en Développant des corridors commerciaux entre la Tunisie et l’Afrique subsaharienne, notamment via les ports de Rades ou d’Enfidha, pour faciliter les flux de marchandises.
Sur un tierce plan, en mettant en avant les compétences tunisiennes dans les secteurs clés comme la santé, l’éducation, et les technologies de l’information pour répondre aux besoins des économies subsahariennes.
Enfin, la Tunisie pourrait Renforcer la coopération avec des pays africains stratégiques (Nigeria, Kenya, Sénégal, Ghana) pour établir des alliances solides et durables.
En définitive, l’influence croissante de l’Afrique subsaharienne représente à la fois une opportunité et un défi pour la Tunisie 2025.
En diversifiant ses relations économiques, en modernisant ses infrastructures, et en adoptant une diplomatie économique proactive, la Tunisie pourrait tirer parti de cette dynamique pour élargir ses horizons économiques et réduire sa dépendance vis-à-vis de ses partenaires traditionnels.
Toutefois, cela nécessitera des efforts soutenus pour se positionner dans un environnement marqué par une concurrence internationale féroce.
A suivre…
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)