L’année 2025 s’annonce marquée par des évolutions géopolitiques majeures, influencées par les tensions persistantes entre blocs rivaux, les transformations des alliances stratégiques, et les dynamiques économiques mondiales.
Ces tendances auront des répercussions directes et indirectes sur la Tunisie, en tant que pays à la croisée des chemins entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient.
ZOOM 5 – Les enjeux énergétiques de la Tunisie 2025 : entre défis et opportunités
Malgré des ressources énergétiques limitées, la Tunisie se situe au cœur d’une région stratégique marquée par des compétitions intenses autour des routes énergétiques.
Cette situation, bien que porteuse de défis, offre également des opportunités uniques que le pays peut exploiter pour renforcer son rôle géopolitique et économique.
La compétition autour des routes énergétiques : entre une diversification menacée…
Les grands projets régionaux, tels que le gazoduc EastMed, influencés par des intérêts géopolitiques, risquent de marginaliser la Tunisie. Cette marginalisation pourrait entraver les efforts de diversification énergétique et de sécurisation des approvisionnements, plaçant le pays dans une position de dépendance accrue.
Le projet EastMed, par exemple, vise principalement à relier les ressources énergétiques de la Méditerranée orientale à l’Europe via des pays comme la Grèce, Chypre et Israël.
Cependant, l’absence de la Tunisie dans de telles initiatives régionales reflète une tendance à privilégier certains acteurs au détriment d’autres, exacerbant les déséquilibres en termes de développement des infrastructures énergétiques.
De plus, cette exclusion renforce le risque pour la Tunisie d’être reléguée à un rôle périphérique, limitant ses capacités à négocier des accords favorables pour ses propres besoins énergétiques.
L’absence de diversification rend le pays vulnérable aux fluctuations des prix internationaux et aux ruptures d’approvisionnement.
En outre, la dépendance de la Tunisie à l’égard de certaines sources d’énergie, telles que le gaz naturel importé d’Algérie, renforce la nécessité de diversifier les partenariats.
Si cette dépendance n’est pas gérée, elle pourrait compromettre la sécurité énergétique à long terme et limiter les opportunités de croissance économique.
Et une coopération restreinte…
Les tensions croissantes entre acteurs régionaux, notamment entre la Turquie et l’Union européenne, compliquent également la mise en place de partenariats énergétiques pour la Tunisie.
Ces divergences limitent les possibilités de coopération multilatérale, réduisant ainsi l’accès du pays à des projets stratégiques.
La rivalité entre la Turquie et l’Union européenne se manifeste particulièrement dans la Méditerranée orientale (cf le ZOOMS 2 et 3), où les désaccords sur les zones maritimes et les droits d’exploitation des ressources énergétiques entravent les initiatives collectives.
Pour la Tunisie, ces tensions réduisent les opportunités de participer à des projets conjoints qui pourraient renforcer ses capacités énergétiques. Par exemple, les discussions autour de l’exploitation des ressources offshore sont souvent dominées par des rivalités géopolitiques, laissant peu de place à des acteurs comme la Tunisie, qui pourraient pourtant jouer un rôle modérateur.
De plus, les intérêts divergents des grandes puissances impliquées dans la région, notamment les États-Unis, la Russie et la Chine, complexifient davantage la situation. Ces puissances cherchent à exercer leur influence sur les routes énergétiques stratégiques, augmentant ainsi les tensions régionales.
Pour la Tunisie, cette situation complique la négociation de partenariats équilibrés et durables, nécessaires pour son développement énergétique.
Face à ces défis, la Tunisie se trouve dans une position délicate, nécessitant une stratégie diplomatique habile pour naviguer dans cet environnement concurrentiel et instable, dont le contenu avait été développé en détail (cf. supra) en mettant en avant les opportunités stratégiques pour la Tunisie ainsi que les actions concrètes à entreprendre pour les exploiter.
En définitive, dans un contexte géopolitique caractérisé par une intensification des rivalités, la Tunisie doit allier pragmatisme et innovation pour transformer les défis en opportunités.
Une stratégie fondée, encore une fois, sur une diplomatie active, la diversification économique et le développement d’infrastructures modernes pourrait renforcer sa position tant sur le plan régional qu’international.
Bien que les tensions en Méditerranée représentent des obstacles, elles offrent également des perspectives uniques que la Tunisie peut exploiter pour accroître sa résilience et affirmer son influence dans la région.
A suivre…
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)