La part du dollar dans les réserves mondiales de change est à son plus bas niveau depuis 29 ans. C’est ce que relève le Fonds monétaire international (FMI).
La part du dollar américain dans les réserves de change mondiales est tombée à son plus bas niveau depuis près de 30 ans, confirment les dernières données publiées par le FMI, le 27 décembre 2024.
Les statistiques suivies par l’institution basée à Washington montrent que la part du billet vert dans les réserves officielles a chuté de 0,85 % entre juillet et septembre 2024. Il s’établit désormais à 57,4 % – son niveau le plus bas depuis 1995. Le FMI ne fournit pas de statistiques pour les années précédentes.
Le FMI a déjà signalé cette tendance en juin, dans un blog officiel. Lequel soulignait que le déclin du dollar était dû aux efforts de diversification déployés par les pays du monde entier. Par exemple, alors que les données montrent que la part du billet vert a régulièrement diminué au cours des trois derniers trimestres, la part des devises « non traditionnelles » a gagné du terrain.
Dollar vs euro
Le billet vert a également cédé du terrain face à l’euro. Au troisième trimestre, sa part a bondi à 20,02 % contre 19,75 % au deuxième trimestre. Les investissements mondiaux en yens ont bondi au cours des six derniers trimestres, sa part au troisième trimestre s’élevant à 5,82 %.
Les données montrent également un arrêt du déclin de la part du yuan chinois dans les avoirs mondiaux en devises, qui a duré neuf trimestres. Au troisième trimestre, la part du yuan a augmenté à 2,17 %.
Mais le dollar demeure la principale monnaie de réserve
Malgré la tendance à la baisse, le dollar reste jusqu’à présent la principale monnaie de réserve, selon les statistiques du FMI, l’euro occupant fermement la deuxième place.
Le statut de longue date du billet vert comme monnaie dominante mondiale a été mis en péril ces dernières années en raison des inquiétudes suscitées par l’augmentation de la dette américaine et des sanctions imposées par Washington à ses rivaux, dont la Russie.
Dans le cadre des sanctions antirusses qui ont suivi l’invasion de l’Ukraine en février 2022, les États-Unis ont coupé les transactions en dollars avec la Banque centrale du pays. Ils ont ensuite interdit l’exportation de billets de banque en dollars vers la Russie et ont été le fer de lance de la campagne visant à geler les avoirs russes à l’étranger.
La Russie obligée de dédollariser
Le magazine Foreign Affairs a écrit en juin que les sanctions contre la Russie avaient « sans aucun doute laissé d’autres banques centrales se demander si leurs propres fonds de réserve libellés en dollars seraient bloqués si leurs gouvernements se heurtaient à Washington ».
Dans le même temps, les sanctions ont forcé la Russie à dédollariser. Selon les données de septembre, Moscou et ses partenaires du bloc économique des BRICS utilisent désormais les monnaies nationales dans 65 % des accords commerciaux mutuels. Dans un discours prononcé au sommet des BRICS à Kazan en octobre, le président russe Vladimir Poutine a averti que l’utilisation du dollar comme arme par Washington au moyen de sanctions et le refus d’accès des pays au système financier occidental étaient une « grave erreur » qui les obligerait à « chercher d’autres alternatives, ce qui est en train de se produire ».