La Slovaquie envisage de couper l’électricité à l’Ukraine et de limiter l’aide aux réfugiés pour compenser les pertes dues à l’interruption du transit du gaz russe.
La Slovaquie prépare des mesures de rétorsion contre l’Ukraine pour avoir interrompu le transit du gaz russe via son territoire vers les pays de l’UE le 1er janvier 2025, selon le Premier ministre Robert Fico, qui a dénoncé, le 3 janvier 2025, cette décision comme un acte de « sabotage » du dirigeant ukrainien Vladimir Zelensky.
Kiev a refusé de prolonger le contrat avec le groupe russe Gazprom au-delà de fin 2024, coupant ainsi de fait l’approvisionnement en gaz naturel des États membres de l’UE comme l’Autriche, la Hongrie et la Slovaquie.
La situation est « extrêmement grave et mérite une réponse souveraine de la part de la Slovaquie », a déclaré M. Fico dans un message vidéo sur Facebook. Il a fait valoir que l’arrêt du gaz entraînerait des pertes annuelles pour la Slovaquie de plusieurs centaines de millions d’euros. Trouver un remplaçant au gaz russe cette année seulement pourrait entraîner des coûts supplémentaires d’au moins 90 millions d’euros, selon l’importateur public de gaz slovaque, SPP.
« La seule alternative pour une Slovaquie souveraine est la reprise du transit ou l’exigence de mécanismes de compensation qui remplaceront la perte pour les finances publiques de près de 500 millions d’euros », a déclaré le Premier ministre.
« Je déclare que [le parti SMER-SSD] est prêt à débattre et à se mettre d’accord au sein de la coalition sur l’arrêt de l’approvisionnement en électricité et sur la réduction significative du soutien aux citoyens ukrainiens en Slovaquie », a-t-il ajouté. Environ 140 000 réfugiés ukrainiens bénéficient de divers programmes d’aide. Le pays a également exporté 2,4 millions de mégawattheures d’électricité vers l’Ukraine au cours des 11 premiers mois de 2024, selon les données de l’opérateur de réseau slovaque.
Fico a souligné que seuls les États-Unis, qui ont augmenté leurs exportations de gaz vers l’Europe, bénéficient de l’acte de « sabotage » de Zelensky, tandis que la Russie ne subit aucun préjudice significatif et que la Slovaquie subit des coûts énergétiques plus élevés.
Zelensky avait auparavant accusé Fico de s’aligner sur Moscou, décrivant la position du gouvernement slovaque comme l’ouverture d’un « deuxième front énergétique » contre l’Ukraine. Le ministère slovaque des Affaires étrangères a rejeté ces propos, les qualifiant d’« absurdités » sans fondement.
La Commission européenne a tenté de minimiser l’impact de l’expiration de l’accord gazier, affirmant que les infrastructures gazières de l’UE étaient suffisamment flexibles pour accueillir des approvisionnements en gaz non russe par des voies alternatives. Malgré ces assurances, l’arrêt soudain a entraîné une flambée des prix de l’énergie en Europe, atteignant 50 euros par mégawattheure pour la première fois depuis plus d’un an.