La cigarette cause des millions de décès chaque année, et pourtant, plus d’un milliard de personnes persistent à fumer. Bien que ces fu- meurs soient conscients des dangers liés à leur habitude, arrêter peut s’avérer difficile. Face à ce défi, l’innovation dans la recherche et le développement émerge comme une solution. Philip Morris International (PMI) a ainsi décidé d’agir en investissant massivement dans des alternatives sans fumée et moins nocives que les cigarettes traditionnelles. À ce jour, PMI a consacré plus de 12,5 milliards de dollars au développement et à la commercialisation de produits sans fumée. Cette initiative a été mise en lumière lors de l’événement « Technovation », qui s’est tenu le 11 décembre 2024 à Abou Dhabi. Lors de l’événement, Tommaso Di Giovanni, vice-président Communication chez Philip Morris International, a discuté de la vision d’un avenir sans fumée ainsi que des impacts environnementaux des alternatives proposées par rapport aux cigarettes traditionnelles. Interview.
Un avenir sans fumée est à notre portée. Comment Philip Morris International (PMI) s’assure-t-il que ces innovations soient accessibles aux fumeurs adultes ? Quelles sont les conditions nécessaires pour y parvenir ?
Un avenir sans fumée est à portée de main. PMI ouvre la voie pour que ces innovations soient disponibles pour les fumeurs adultes qui, autrement, continueraient à fumer. Cela pourrait être possible grâce à l’engagement des pays à créer des conditions favorables au changement et de tous ceux qui ont un rôle à jouer. En effet, cela dépend par exemple de ce que la santé publique communique aux consommateurs, ainsi que des recommandations des universités et des experts en santé publique. Si tous avancent dans la même direction, il n’est pas impossible que dans certains pays, d’ici 10 à 15 ans, on se souvienne des cigarettes comme d’un objet de musée.
Quelle est la réaction des organisations de santé publique face aux initiatives de Philip Morris International en faveur d’un avenir sans fumée ?
Cela varie selon les cas. Au début, il y avait beaucoup de questions et de scepticisme. Cependant, ces mêmes organisations avaient initialement demandé à l’industrie de développer et commercialiser des produits moins nocifs, meilleurs pour les consommateurs. Cette préoccupation existe depuis les années 70 et 80 aux États Unis. Les Nations unies en ont également discuté en 1997. Aujourd’hui, plusieurs organisations soutiennent le changement. Par exemple, la Nouvelle Zélande a mis en place une législation progressiste qui encourage les fumeurs qui n’arrêtent pas la cigarette à adopter des produits sans fumée, comme les cigarettes électroniques ou le tabac chauffé.
De même, le Royaume-Uni a suivi une approche similaire en promouvant les cigarettes électroniques. En République tchèque, la notion de « réduction des risques liés au tabac » est intégrée dans les plans et approches du gouvernement. D’autres pays européens, comme l’Italie, la Grèce, le Portugal et la Bulgarie, ont également modifié leurs lois pour permettre la commercialisation de ces produits tout en fournissant des informations aux consommateurs. Ainsi, il existe un nombre croissant d’organisations qui soutiennent ces initiatives. Bien qu’il subsiste des scepticismes, souvent dus à une méconnaissance scientifique ou à une appréhension face à l’innovation, je pense qu’il y a une tendance générale vers une convergence des opinions en faveur du changement.
Comment peut-on inverser la tendance pour favoriser une plus grande acceptation des alternatives sans fumée ? Ne serait-il pas nécessaire de mettre en place, entre autres, une campagne de sensibilisation ?
Pour renverser la tendance et favoriser une plus grande acceptation des produits sans fumée, PMI a déjà mis en place des campagnes de sensibilisation. L’objectif est d’initier un débat public et de fournir une information correcte aux consommateurs et aux autorités. Ce débat et cette transparence sont essentiels pour faciliter le changement. Nous avons déjà entrepris cette démarche. C’est précisément pour cette raison que nous sommes présents à Abou Dhabi, afin de favoriser un débat et de garantir que des informations correctes soient accessibles aux consommateurs, aux autorités et à tous les acteurs concernés. À mon avis, c’est ce type de dialogue et cette transparence qui faciliteront les choses. L’humanité a toujours progressé grâce au débat. C’est ainsi que les idées évoluent, que la science et les preuves deviennent accessibles à tous, et que de bonnes décisions sont prises, généralement par le biais de la collaboration et de l’échange d’informations.
Quels sont les impacts environnementaux des produits sans fumée par rapport aux cigarettes traditionnelles ?
Comme pour tous les produits de consommation, il est essentiel de minimiser les impacts environnementaux. Il est crucial d’informer les consommateurs et de promouvoir un comportement responsable concernant l’élimination des déchets, par exemple en ce qui concerne les mégots après usage. Il en va de même pour les produits électroniques, qui doivent être recyclés et réutilisés afin de ne pas polluer l’environnement. PMI a déjà mis en place des systèmes de recyclage, dans plusieurs pays, des composants électroniques, comme pour les batteries.
Concernant les sticks de tabac, nous nous efforçons d’utiliser des matériaux respectueux de l’environnement afin qu’ils soient également recyclables. C’est dans cette direction que nous souhaitons avancer, car il est impératif que tous les acteurs s’engagent dans cette voie.
Est-il possible d’atteindre cet objectif d’ici 2030 ?
Oui, c’est un défi que nous pouvons relever, et il est essentiel d’essayer. Il est crucial d’encourager chacun à adopter une réflexion axée sur le recyclage. Parallèlement, il est nécessaire d’informer les consommateurs afin qu’ils comprennent qu’au lieu de jeter ces produits dans la nature, ils peuvent être recyclés et doivent être retournés pour un traitement approprié.
Le mot de la fin.
Pour conclure, je dirais que nous avons une véritable opportunité devant nous. Grâce aux avancées en science, en technologie et en innovation, nous pouvons envisager un monde où la cigarette appartiendrait au passé. La santé pu- blique et le bien-être des consommateurs de nicotine s’améliorent considérablement. Cependant, il est crucial que chacun croie en cette vision et s’engage dans cette direction. Nous faisons de notre mieux pour avancer, mais il est maintenant temps que tous les acteurs se mobilisent pour atteindre cet objectif. Dans 10 à 15 ans, les cigarettes pourraient devenir un souvenir.
Propos recueillis par Nadia Dejoui
Cette interview est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n 910 du 1 au 14 janvier 2025