La pression internationale sur la Tunisie en matière de financements extérieurs est une réalité. La composante politique est la plus importante. L’accord avec le FMI, bien qu’il ne figure plus dans le plan de financement du gouvernement, pèse réellement dans les relations avec la quasi-majorité des institutions financières internationales.
Le résultat est une réduction continue des sommes reçues sous la forme d’appui budgétaire. En neuf mois de 2024, seuls 129,7 MTND ont été encaissés sur des estimations initiales de 14 470 MTND. La conséquence est un recours intensif au marché local.
Une importance à relativiser
Depuis 2011, la Tunisie a bénéficié du soutien financier de ses principaux bailleurs de fonds. Non seulement cela s’est manifesté dans le volume des financements extérieurs et des facilités accordées, mais surtout le volume de dons dont le pays a pu en profiter.
En tenant compte des dernières projections pour les réalisations de 2024, le volume des dons extérieurs totaliserait 6 112 MTND sur la période 2011-2024. En valeur absolue, ce montant est important, mais il convient de le relativiser.
Source : budgets de l’Etat 2011 – 2025
Si nous prenons la période 1999-2010, nous constatons que la Tunisie avait empoché des dons de 953 MTND. C’est l’équivalent de 0,7 % des dépenses de la période, hors remboursement de principal de la dette.
Depuis 2011, les choses ont bien changé et les montants ont monté en flèche, en fonction des besoins. Mais par rapport aux dépenses de la période, l’enveloppe de dons demeure faible, représentant 1,3 % des dépenses budgétaires de la période. De plus, ils ne pèsent que 1,6 % des recettes propres générées par les rentrées fiscales et non fiscales.
350 MTND prévus en 2025
La Tunisie n’est pas dépendante de ces dons qui sont, cependant, d’une grande utilité car ils contribuent à la couverture de certains besoins ponctuels de trésorerie ou financer certains programmes. Les dons nous ont permis de surmonter les difficultés au niveau de la mobilisation des ressources extérieures et l’absence de sorties sur les marchés internationaux durant quelques années, comme en 2022 à titre d’exemple.
De plus, l’origine est généralement l’Union européenne, et ce dans le cadre de notre partenariat économique privilégié avec l’espace commun. Historiquement, il y a toujours eu des dons consacrés à l’accompagnement des réformes, à la poursuite de la relance économique et au renforcement de la cohésion sociale. C’est une sorte de compensation des effets négatifs potentiels sur le pays suite à une ouverture économique plus grande.
Ces derniers temps, Bruxelles met l’accent sur le financement de projets, essentiellement par des crédits à long terme et des conditions très favorables. Clairement, les positions politiques l’emportent.
Reste à préciser que la Tunisie n’a pas eu un soutien exceptionnel à ce niveau. Par rapport à l’Egypte à titre d’exemple, la Tunisie n’a eu que des miettes.
Pour les années à venir, nous pensons que les montants devraient s’inscrire sur une courbe descendante, avec des estimations de 350 MTND en 2025, soit 0,6 % seulement des dépenses budgétaires prévues.