Dans un post publié sur le réseau social Facebook, Ridha Chkoundali, expert en économie et professeur d’université, a analysé les orientations de la loi de finances 2025 (LF 2025) . Il a notamment salué les efforts de l’État pour maîtriser la masse salariale, soulignant l’opportunité d’entamer des négociations ouvertes avec le Fonds monétaire international (FMI) afin d’obtenir un prêt à moindre coût et avec des conditions favorables, en soutien à l’économie nationale.
D’après Chkoundali, la LF 2025 prévoit une enveloppe de 24 389 millions de dinars pour les dépenses de location, contre 22 531 millions de dinars en 2024, marquant une augmentation de 1 858 millions de dinars. Ces fonds supplémentaires sont destinés à financer plusieurs priorités stratégiques :
- La poursuite du programme d’augmentation des salaires pour la période 2023-2025.
- La régularisation des situations précaires, à l’instar des ouvriers des chantiers (environ 12 000 nouveaux bénéficiaires), des enseignants suppléants et des contractuels.
- La lutte contre l’emploi précaire, notamment à travers une circulaire interdisant la signature de nouveaux contrats d’externalisation dans le secteur public et un projet de décret visant à régulariser les travailleurs en situation précaire.
- Le recrutement de 21 376 nouveaux agents dans la fonction publique, répartis entre plusieurs secteurs prioritaires :
- Éducation : 9 207 agents
- Santé : 3 500 agents
- Défense : 2 778 agents
- Intérieur : 1 529 agents
- Justice : 1 080 agents
- Finances : 863 agents
- Jeunesse et sports : 700 agents
- Autres secteurs : 1 719 agents.
Objectif LF 20225 : Réduction de la masse salariale dans le PIB
Un des objectifs clés de cette stratégie est de réduire progressivement la part des salaires dans le produit intérieur brut (PIB). La loi de finances 2025 vise ainsi à faire passer cette part à 13,3 % du PIB, contre 13,6 % en 2024 et 16,1 % en 2020. Pour y parvenir, l’État compte poursuivre l’application du programme spécifique de mise à la retraite avant l’âge légal.
Chkoundali souligne que cet objectif était également recherché par le FMI et figurait au cœur des négociations avec les gouvernements précédents avant le 25 juillet 2021. Cependant, ces derniers n’avaient pas réussi à atteindre ce résultat.
Un progrès significatif en cinq ans
Depuis 2021, la Tunisie a réalisé une avancée notable en réduisant la part des salaires dans le PIB d’environ 2,8 points en seulement cinq ans. Selon Chkoundali, cet accomplissement, qui représente une demi-décennie, contraste avec l’inefficacité des gouvernements lors de la « décennie noire ».
Le FMI, un partenaire stratégique pour soutenir le budget
Pour Chkoundali, cette performance ouvre la voie à des négociations avantageuses avec le FMI. Il estime que le Fonds monétaire international pourrait désormais accorder à la Tunisie un prêt à moindre coût, avec moins de conditions et d’exigences.
« Si les gouvernements des cinq dernières années ont été des ‘bons élèves’ du FMI en secret, pourquoi ne pas négocier ouvertement avec lui pour revitaliser le budget de l’État ? » s’interroge l’expert.
Un tel prêt, ajoute-t-il, pourrait non seulement alléger la pression sur les finances publiques mais aussi avoir un impact positif significatif sur l’économie nationale.