La structure classique du PIB comprend la consommation privée, l’investissement, les exportations, les importations, la variation des stocks et la consommation publique. Nous allons nous intéresser en particulier à cette dernière composante car elle peut jouer un rôle clé dans la croissance.
La consommation publique regroupe deux types de dépense. La première concerne celles liées à consommation collective (État, collectivités locales, défense, justice, etc.) qui bénéficient à la société dans son ensemble et que l’on qualifie souvent de « biens et services publics ».
La seconde comprend les dépenses de consommation individuelle (soins de santé, logement, éducation, etc.) qui reflètent les dépenses engagées par les administrations pour le compte des ménages individuels.
Accélération, décélération
En chiffres, la consommation publique représente 19,4 % du PIB. Ce qui est dans la moyenne observée dans plusieurs pays. Sur les dernières années, elle a baissé, comme la tendance mondiale. Lors de la crise sanitaire, l’Etat a supporté des charges additionnelles. Ce qui avait porté la contribution au PIB de 18,8 % en 2019 à 21,6 % en 2020 et 20,8 % en 2021. Mais il faut bien se rappeler aussi que le PIB a chuté depuis, et nous sommes encore en dessous du PIB de 2019. Cela a aussi un rôle dans la montée rapide de la part de la consommation publique.
Source des données : INS
Pour mieux analyser, nous devons compléter cette image côté demande par celle de la production non-marchande. Cette dernière a enregistré un taux de croissance annuelle moyenne de 7,1 % entre 2015 et 2023. Ce qui demeure assez proche des 7,7 % de la consommation publique sur la même période. Et comme les rémunérations sont l’essentiel de la valeur ajoutée des activités non marchandes, nous comprenons que la consommation publique provient réellement du fonctionnement de l’appareil de l’Etat beaucoup plus que de la consommation de biens et services auprès des autres agents économiques.
Source des données : INS
Il est évident que l’essentiel de la consommation publique est composé des services de protection sociale, la santé, la défense, la sécurité et l’enseignement. Nous y trouvons aussi le transport. La hausse de 2020 provient de la santé, puisque tous les efforts étaient concentrés sur cette activité. La décélération poste crise sanitaire n’est autre qu’une normalisation.
Une croissance freinée
Si nous relançons la croissance, il faut de l’investissement public et privé. L’investissement des entreprises et des ménages est bloqué pour des raisons qui vont au-delà des taux. C’est une grande transformation de l’économie mondiale qui pose des défis. Alors que la majorité du tissu industriel est composée de PME qui exploitent des niches d’exportation, l’intégration de l’Intelligence artificielle a rendu l’outil utilisé obsolète en quelques mois. Les critères environnementaux, qui exigent aussi de l’attention et des ressources, ont compliqué davantage l’horizon des entrepreneurs qui sont menacés de perdre les marchés et sont aussi incapable de se financer. Une bonne partie d’entre eux ont épuisé leurs capacité d’endettement, car ils n’ont plus de garantir à offrir.
L’investissement public devrait prendre la relève, mais l’Etat a aussi d’autres chats à fouetter. La période 2023-2026 est consacrée à la préservation des grands équilibres macroéconomiques et au remboursement de la dette externe. Au passage, c’est une maîtrise des charges qui est à la clé. Ce qui signifie la réduction automatique de l’investissement public.
Qu’est-ce que tout cela nous enseigne? La croissance de 2025 et 2026 seraient modestes. En dehors de l’agriculture, qui est assez volatile, la croissance ne devrait pas dépasser le cap de 2 % dans le meilleur des cas. Ce que nous souhaitons est qu’à défaut de pouvoir mettre de l’argent, il faut préparer le terrain pour l’avenir. La révision et la simplification de toute la réglementation sur deux années est un objectif réalisable et capable de nous offrir une vraie opportunité pour repartir. Autrement, nous n’allons pas connaître l’essor tant espéré.