La Chambre de commerce et d’industrie tuniso-française (CCITF) a organisé une matinée de débats le mardi 14 janvier 2025, portant sur les principales dispositions de la loi de finances 2025. Ce débat intervient dans un contexte économique difficile pour la Tunisie, caractérisé par une faible croissance, malgré des dépenses publiques élevées. Le gouvernement a décidé d’augmenter l’imposition pour faire face à ces dépenses, tout en gérant un endettement croissant, principalement sur le marché local, en raison des difficultés d’accès aux dettes extérieures.
Mohamed Louzir, Secrétaire Général de la CCITF, a partagé ses observations sur les nouvelles dispositions de la Loi de Finances 2025. Il a souligné dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com que la situation économique en Tunisie est marquée par une consommation importante et un investissement qui peine à se développer. Les échéances de règlement des dettes sont importantes et le recours aux dettes extérieures est difficile. Ce qui entraîne une dépendance accrue à la dette locale.
Ainsi, M. Louzir a noté que cette situation est difficile à gérer, avec un investissement qui n’est pas performant et une consommation élevée, exacerbée par une inflation élevée. Il a déclaré : « Nous essayons de sauvegarder les populations nécessiteuses ou à faible revenu. L’impact social des dépenses de l’État est crucial, que ce soit à travers les subventions des produits de base ou les aides sociales accordées aux familles nécessiteuses. Cela réduit considérablement la marge de manœuvre du gouvernement pour mettre en œuvre des mesures fiscales ».
Mohamed Louzir : « Le déficit est maîtrisé autour de 6 % du PIB, mais il pourrait atteindre 10 milliards de dinars »
La croissance économique prévue pour 2025 est ambitieuse à 3,2 %, alors que la croissance réalisée pour l’année précédente était seulement de 1,2 %. Mohamed Louzir a averti que si cette croissance n’est pas atteinte, le déficit budgétaire pourrait encore augmenter. Actuellement, le déficit est maîtrisé autour de 6 % du PIB; mais il pourrait atteindre 10 milliards de dinars, financé par des crédits. Il a précisé : « Le déficit tourne autour de 15 % du budget. » Tout en insistant sur la nécessité d’investir dans des secteurs clés tels que les énergies renouvelables et les technologies de l’information, afin de stimuler l’économie.
Rôle des startups et entreprises
Un autre aspect abordé concerne le rôle des startups et entreprises. Mohamed Louzir a souligné que bien que la Tunisie dispose d’un vivier exceptionnel de talents, il manque un cadre législatif favorable pour encourager leur croissance en entreprises de grande taille. Il a affirmé : « Il faut aider ces jeunes entrepreneurs à s’internationaliser et à créer des conglomérats qui peuvent soutenir l’économie nationale. »
Le secrétaire général de la CCITF a mis l’accent sur l’impératif d’aider les startupers à se développer et à réussir au-delà d’une taille modeste.
Il a également évoqué une problématique plus large concernant la mentalité générale envers ceux qui réussissent : « On n’est pas dans le professionnalisme pour aller vers les choses très très bien faites ».
Les discussions autour de la loi de finances 2025 mettent en lumière la nécessité d’un équilibre entre une imposition accrue et un soutien aux investissements pour relancer l’économie tunisienne. Et ce, tout en préservant les couches les plus vulnérables de la population. Mohamed Louzir conclut en soulignant que « l’investissement est le véritable moteur de la croissance ».