Le débat s’est installé depuis que le président de la République a donné ses instructions pour procéder à un inventaire des établissements qui n’ont pas de réelle utilité et qui ne réalisent qu’une partie infime des objectifs pour lesquels ils ont été créés et représentent un fardeau pour le budget de l’État et les fonds publics.
La grande interrogation est de savoir si l’inventaire ordonné par le président va ouvrir la porte à la privatisation de certaines entreprises publiques. Cette dernière (la privatisation) représente, en elle-même, un grand thème où les avis divergent. Nous pensons que la réalité est plus simple que cela.
Objectif : efficacité
La fibre sociale du président de la République est forte. La dernière décision d’intégrer des milliers d’enseignants en 2025 et 2026 en est l’illustration. De ce fait, il est peu probable qu’un virement se fasse en quelques jours dans les positions.
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La question débattue lundi 13 janvier avec quelques ministres évoque deux dimensions. La première est l’efficacité de l’action publique. Nous le savons tous, l’administration tunisienne ressemble plutôt à un labyrinthe, et souvent la lenteur du service n’est pas la conséquence d’une mauvaise qualité de prestation du service, mais de la complexité du cadre réglementaire et la multiplication des vis-à-vis. Avec une dose d’attention et de méfiance de la majorité absolue des fonctionnaires, qui n’interprètent plus les textes que dans une manière restrictive, ne voulant pas engager leurs responsabilités futures. Le blocage est donc devenu plus aigu.
La seconde est l’allocation des ressources. Au lieu de dépenser de l’argent sur des établissements à faible valeur ajoutée, il serait mieux de les orienter vers d’autres priorités. D’ailleurs, avec la rareté des ressources, cette approche devrait être la ligne directrice de l’action publique.
Il est évident que la privatisation peut être une solution, mais ce n’est valable que pour les entreprises dont l’activité peut être assurée par un privé. Nous pensons que le message envoyé par Kaïs Saïed couvre plutôt les entités de services administratifs.
D’ailleurs, il suffit de consulter la liste des ministres présents lors de cette réunion pour comprendre que cela concerne tout sauf des entreprises de transport à titre d’exemple.
Changer d’angle de tir
Penser uniquement à la privatisation est une approche tunisienne classique. Il y a bien d’autres moyens pour augmenter l’efficacité de l’action publique, à savoir les fusions-absorptions. Deux administrations indépendantes qui offrent des services complémentaires pourront être fusionnées en une seule entité. Les rapprochements de ce type ont l’avantage d’offrir de meilleures prestations, tout en épargnant les frais de fonctionnement et de masse salariale.
Et où les fonctionnaires en surplus vont aller ? Ils ne seront pas mis à la porte suivant l’approche sociale de l’Etat. Ils pourraient servir dans d’autres administrations qui offrent un poste similaire et, au moins, les mêmes avantages.
Sauf qu’ici il y a une difficulté pratique : les différentes grilles salariales des administrations. Il y a aussi les avantages que certains peuvent obtenir d’une structure, comme les crédits sur fonds sociaux à titre d’exemple, et pas d’une autre. Tout cela est à tenir en considération si cette approche est choisie.
Si nous sommes encore à la traîne, c’est que l’Homme a toujours résisté aux changements. Il faut savoir gérer, sur le plan humain, toutes ces transformations. Autrement, c’est toujours le même résultat qui nous attend en fin de compte.