L’économie tunisienne fait face à une période de transformations significatives marquées par des indicateurs monétaires et financiers qui méritent une attention particulière.
À travers une analyse des données récentes mises à jour au 24 janvier 2025, cette contribution explore la situation actuelle de l’économie tunisienne, en mettant l’accent sur les tendances clés et en offrant une perspective sur les défis et les opportunités à court et moyen terme.
Indicateurs monétaires et financiers quotidiens, mis à jour le 24/01/2025.
- Solde du compte courant du trésor : un signal d’alerte
Le solde du compte courant du Trésor s’établit à 1 797,6 MDT, en baisse par rapport à 2123,8 MDT le jour précédent, avec une diminution de 326,2 MDT.
Cette tendance soulève des inquiétudes concernant la gestion des finances publiques, signalant possiblement une augmentation des dépenses ou une stagnation des recettes fiscales.
La durabilité de cette situation nécessite une attention particulière, car une dégradation prolongée du solde pourrait compromettre la stabilité budgétaire.
- Amélioration de la liquidité bancaire
En revanche, le solde du compte courant ordinaire des banques a connu une augmentation significative, atteignant 394,4 MDT, contre 276,5 MDT le jour précédent.
Cette hausse indique une amélioration de la liquidité bancaire, ce qui est essentiel pour soutenir le crédit et favoriser la croissance économique. Un système bancaire bien capitalisé est crucial pour relancer l’économie et encourager les investissements.
- Évolution de la masse monétaire
La circulation des billets et des monnaies a également montré une augmentation, atteignant 22562 MDT, en légère hausse par rapport à 22 493 MDT.
Bien que cette expansion monétaire puisse stimuler l’économie, elle engendre le risque d’inflation si elle n’est pas accompagnée d’une croissance économique correspondante.
Les décideurs doivent donc surveiller cette dynamique pour éviter une déstabilisation des prix.
- Politique monétaire et conditions de liquidité
Les données relatives au marché monétaire montrent une diminution des opérations de refinancement, en particulier celles à long terme, ce qui pourrait indiquer une politique monétaire plus restrictive de la part de la Banque centrale de Tunisie (BCT).
En effet, la BCT a enregistré une réduction de 321 MDT pour les opérations de refinancement à plus long terme, témoignant d’une volonté de contrôler l’inflation.
Cette approche pourrait avoir des implications sur les conditions de crédit et la croissance économique, nécessitant une gestion prudente de la liquidité.
- Bons du trésor : une demande en baisse
Les bons du Trésor à court terme affichent un encours de 6 276,9 MDT, soit en forte baisse par rapport à 12 227,1 MDT.
Cette diminution pourrait signaler une difficulté à placer ces instruments sur le marché, mettant en lumière une possible perte de confiance des investisseurs envers l’endettement public.
Une telle situation pourrait nécessiter des efforts de communication et de transparence pour rétablir la confiance du marché.
- Dynamique du secteur touristique et revenus du travail
Les indicateurs concernant les recettes touristiques et les revenus du travail sont encourageants. Les recettes touristiques ont atteint 357,4 MDT, en hausse par rapport à 173,8 MDT, tandis que les revenus du travail se chiffrent à 435,8 MDT, contre 208,4 MDT précédemment.
Ces résultats positifs traduisent une reprise potentielle des activités économiques, soulignant l’importance de ces secteurs pour la croissance globale.
Toutefois, il est crucial de diversifier les sources de revenus pour assurer une croissance durable.
- Taux de change et avoirs en devises : un enjeu de stabilité
Les avoirs nets en devises de la BCT s’élèvent à 26 581,7 MDT, en légère baisse, ce qui pourrait signaler une pression sur la balance des paiements.
De plus, le taux de change du dinar montre une légère appréciation par rapport au dollar, mais une dépréciation face à l’euro.
La BCT devra surveiller ces fluctuations afin de maintenir la stabilité de la monnaie tunisienne et d’éviter les tensions inflationnistes.
Perspectives à court et moyen terme
- À court terme (0-6 mois)
La BCT est susceptible de maintenir une politique monétaire restrictive pour maîtriser l’inflation, en réponse à la diminution des opérations de refinancement.
De plus, il est impératif de porter une attention accrue à la gestion budgétaire pour éviter une détérioration de la situation financière publique.
- À moyen terme (6-24 mois)
Si les tendances actuelles persistent, des tensions sur les marchés financiers pourraient survenir, nécessitant une gestion proactive des dettes publiques.
Cependant, la reprise dans le secteur touristique et l’augmentation des revenus du travail offrent des perspectives positives pour soutenir la croissance économique.
La BCT devra également veiller à la pression sur la balance des paiements pour préserver la stabilité du dinar.
Au final, bien que des signes de croissance soient visibles dans certains secteurs, des défis subsistent, notamment en matière de gestion budgétaire et de stabilité monétaire.
Une vigilance constante et des ajustements rapides seront essentiels pour naviguer dans cet environnement complexe.
Les décideurs auront la responsabilité de mettre en œuvre des politiques appropriées pour favoriser un développement économique durable, tout en assurant la stabilité financière nécessaire pour soutenir la croissance à long terme.
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)