L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis a marqué un tournant significatif dans les affaires internationales, influençant de nombreux pays à travers le monde. Parmi les nations touchées, la Tunisie se retrouve confrontée à des défis économiques majeurs en raison de l’appréciation du dollar américain.
Cette contribution vise à analyser les répercussions de cette dynamique monétaire sur l’économie tunisienne tout en explorant des stratégies d’adaptation potentielles.
En premier lieu, la dynamique du dollar et son impact sur le taux de change du dinar tunisien
Le dollar américain est souvent perçu comme une valeur refuge dans les marchés financiers. Son appréciation face au dinar tunisien peut être attribuée à plusieurs facteurs, dont notamment,
- Les politiques monétaires de la FED: Les hausses des taux d’intérêt par la Réserve fédérale attirent les capitaux internationaux, renforçant le dollar par rapport à d’autres devises.
- La fuite des capitaux des marchés émergents: En période d’incertitude, les investisseurs se tournent vers le dollar, qui est jugé plus sûr que les devises des économies émergentes.
- Le ralentissement des croissances économiques: Des ralentissements en Chine et en Europe augmentent la demande pour des actifs libellés en dollars.
Pour la Tunisie, dont les transactions commerciales sont largement libellées en dollars, une appréciation prolongée du dollar entraîne une dépréciation du dinar et une pression sur les équilibres macroéconomiques.
En deuxième lieu, la hausse du coût des importations et inflation importée
L’augmentation du dollar a des conséquences directes sur le coût des biens importés, ce qui alimente l’inflation domestique au niveau,
- Du secteur énergétique: La Tunisie importe la majorité de son pétrole et gaz en dollars, rendant la facture énergétique plus lourde et creusant le déficit budgétaire.
- Des produits alimentaires: Une grande partie des céréales et huiles alimentaires est importée, augmentant ainsi les prix pour le consommateur.
- Des matières premières industrielles: Les industries manufacturières, notamment dans le textile, subissent également les effets d’une hausse des coûts d’importation.
Cette inflation importée réduit le pouvoir d’achat des Tunisiens, limitant la consommation intérieure, essentielle à la croissance économique.
En troisième lieu, la pression sur la balance commerciale et le déficit extérieur
La balance commerciale tunisienne, déjà déficitaire, est aggravée par l’appréciation du dollar, notamment parce que,
- Les importations plus chères augmentent le déficit commercial.
- Les exportations tunisiennes, libellées en dinars ou en euros, perdent en compétitivité sur le marché international.
- Le secteur du tourisme et les transferts de la diaspora sont également affectés par les fluctuations monétaires.
Cette situation entraîne une baisse des réserves en devises de la Banque centrale de Tunisie (BCT), limitant sa capacité à stabiliser le dinar.
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En quatrième lieu, l’impact sur l’investissement étranger et l’endettement public
L’environnement économique incertain, exacerbé par un dollar fort, nuit à l’attrait de la Tunisie pour les investissements directs étrangers (IDE), essentiellement à cause de,
- La sortie de capitaux: Les investisseurs, attirés par des rendements plus élevés aux États-Unis, retirent leurs fonds des marchés émergents.
- L’attentisme des investisseurs: L’instabilité du taux de change incite les entreprises étrangères à reporter leurs projets en Tunisie.
En outre, la hausse du dollar affecte le service de la dette, le rendant plus coûteux et augmentant le risque de défaut et les tensions budgétaires.
Stratégies d’atténuation et perspectives pour la Tunisie
Face à ces défis, plusieurs axes stratégiques peuvent être mises en place, dont principalement ,
- Une réduction de la dépendance aux importations en dollars: Diversifier les fournisseurs et soutenir la production locale pour limiter la dépendance aux importations.
- Une adaptation de la politique monétaire: Renforcer les réserves de change pour stabiliser le dinar et éviter une dépréciation excessive.
- Une optimisation de la gestion de la dette extérieure: Renégocier les échéances de remboursement et diversifier les sources de financement.
- Un renforcement de l’attractivité des IDE: Améliorer le climat des affaires et faciliter l’accès aux financements pour les entreprises exportatrices.
In fine, l’appréciation du dollar américain constitue un défi économique majeur pour la Tunisie, affectant le coût des importations, l’inflation, le déficit commercial et le service de la dette.
Pour faire face à ces pressions, il est crucial que la Tunisie adopte une stratégie économique cohérente visant à diversifier ses échanges, à promouvoir la production locale et à gérer rigoureusement ses réserves de change.
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Dans un monde économique en constante évolution, la résilience face aux fluctuations monétaires sera essentielle pour garantir une croissance durable et maîtriser les déséquilibres macroéconomiques.
- Les exportations tunisiennes, libellées en dinars ou en euros, perdent en compétitivité sur le marché international.
- Le secteur du tourisme et les transferts de la diaspora sont également affectés par les fluctuations monétaires.
Cette situation entraîne une baisse des réserves en devises de la Banque centrale de Tunisie (BCT), limitant sa capacité à stabiliser le dinar.
- Impact sur l’investissement étranger et l’endettement public
L’environnement économique incertain, exacerbé par un dollar fort, nuit à l’attrait de la Tunisie pour les investissements directs étrangers (IDE) :
- Sortie de capitaux : Les investisseurs, attirés par des rendements plus élevés aux États-Unis, retirent leurs fonds des marchés émergents.
- Attentisme des investisseurs : L’instabilité du taux de change incite les entreprises étrangères à reporter leurs projets en Tunisie.
En outre, la hausse du dollar affecte le service de la dette, le rendant plus coûteux et augmentant le risque de défaut et les tensions budgétaires.
- Stratégies d’atténuation et perspectives pour la Tunisie
Face à ces défis, plusieurs stratégies peuvent être mises en place :
- Réduction de la dépendance aux importations en dollars : Diversifier les fournisseurs et soutenir la production locale pour limiter la dépendance aux importations.
- Adaptation de la politique monétaire : Renforcer les réserves de change pour stabiliser le dinar et éviter une dépréciation excessive.
- Optimisation de la gestion de la dette extérieure : Renégocier les échéances de remboursement et diversifier les sources de financement.
- Renforcement de l’attractivité des IDE : Améliorer le climat des affaires et faciliter l’accès aux financements pour les entreprises exportatrices.
Conclusion
L’appréciation du dollar américain constitue un défi économique majeur pour la Tunisie, affectant le coût des importations, l’inflation, le déficit commercial et le service de la dette. Pour faire face à ces pressions, il est crucial que la Tunisie adopte une stratégie économique cohérente visant à diversifier ses échanges, à promouvoir la production locale et à gérer rigoureusement ses réserves de change. Dans un monde économique en constante évolution, la résilience face aux fluctuations monétaires sera essentielle pour garantir une croissance durable et maîtriser les déséquilibres macroéconomiques.
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)