La Tunisie, nation au carrefour de l’Afrique et de la Méditerranée, fait face à une conjoncture économique complexe au début de l’année 2025. Les derniers indicateurs économiques et financiers révèlent à la fois des signes de reprise dans certains secteurs et des défis persistants qui nécessitent une attention soutenue. Cette contribution se propose d’analyser la situation économique actuelle ainsi que les perspectives à court et moyen termes pour le pays.
Au 7 février 2025, l’évaluation des principaux indicateurs économiques montre une réalité nuancée pour l’économie de la Tunisie.
État des lieux
Le solde du compte courant du trésor a enregistré une baisse significative, atteignant 1283,3 MDT; contre 1367,6 MDT la veille.
Cette diminution est préoccupante et pourrait refléter un déséquilibre budgétaire, indiquant que les dépenses publiques surpassent les recettes dans un contexte de nécessité de stabilisation économique.
Le solde du compte courant ordinaire des banques a également connu une légère contraction, s’établissant à 287,7 MDT, bien qu’il demeure positif.
Cette situation pourrait suggérer une activité économique en ralentissement, potentiellement due à une contraction de la demande de crédit.
La liquidité dans le système
Un autre aspect préoccupant est l’augmentation des billets et monnaies en circulation, qui s’élèvent à 22930 MDT, en hausse par rapport aux 21304 MDT précédents.
Ce phénomène peut être interprété comme une demande accrue de liquidité. Ce qui pourrait indiquer une augmentation des transactions économiques; mais également des craintes d’inflation à venir.
Marché monétaire et taux d’intérêt
La Banque centrale de Tunisie (BCT) a décidé de maintenir ses taux d’intérêt à 8 %. Un choix qui vise à stabiliser la monnaie et à encourager les investissements.
Toutefois, la contraction du volume global des opérations de refinancement, qui atteint 13321,5 MDT, signale une diminution de la liquidité sur le marché monétaire.
Cette situation pourrait avoir des répercussions sur la capacité des banques à prêter et, par conséquent, sur la croissance économique à court terme.
Recettes et dettes
L’un des signes positifs de ces derniers mois est l’augmentation des recettes touristiques, qui s’établissent à 546,8 MDT, en forte hausse par rapport aux 357,4 MDT de l’année précédente.
Cette reprise du secteur touristique, vital pour l’économie tunisienne, pourrait contribuer à améliorer le solde du compte courant et à renforcer la confiance des investisseurs.
En revanche, le service de la dette extérieure demeure préoccupant, avec un montant cumulé de 4498,9 MDT.
Cette charge élevée soulève des questions sur la soutenabilité de la dette publique, et une gestion prudente sera indispensable pour éviter des crises de liquidité à l’avenir.
Avoirs en devises et taux de change
Les avoirs nets en devises de la BCT s’établissent à 23295,2 MDT, montrant une légère baisse par rapport aux 25960,3 MDT précédents. Ce chiffre, représentant 102 jours d’importation, souligne une vulnérabilité face aux chocs extérieurs. De plus, la dépréciation du dinar par rapport aux principales devises, comme l’euro et le dollar, pourrait avoir des conséquences sur l’inflation et le pouvoir d’achat des Tunisiens.
Perspectives à court et moyen terme
- À court terme (2025)
Les perspectives immédiates pour l’économie tunisienne sont à la fois prometteuses et inquiétantes.
La hausse des recettes touristiques représente un facteur d’espoir. Mais la baisse du solde du compte courant et la contraction de la liquidité sur le marché monétaire posent des défis significatifs.
La BCT devra agir avec prudence pour maintenir la stabilité monétaire, tout en soutenant la croissance. Et ce, en équilibrant ainsi son approche entre des politiques accommodantes et des mesures de contrôle de l’inflation.
- À moyen terme (2025-2027)
À plus long terme, la Tunisie doit se concentrer sur la diversification de ses sources de revenus pour réduire sa dépendance au secteur touristique.
Le développement d’autres secteurs, tels que l’agriculture, les technologies de l’information et l’exportation de produits manufacturés, pourrait renforcer la résilience de l’économie.
De plus, la mise en œuvre de réformes structurelles visant à améliorer le climat des affaires et à attirer des investissements étrangers sera cruciale pour assurer une croissance durable.
En définitive, la Tunisie se trouve à un tournant décisif de son histoire économique. Bien que des signes positifs, tels que la reprise des recettes touristiques, offrent des opportunités d’amélioration, les défis liés à la gestion de la dette, à la stabilité monétaire et à la croissance économique demeurent pressants. Une approche proactive, intégrant des politiques monétaires prudentes et des réformes structurelles significatives, sera essentielle pour naviguer dans ces complexités et garantir un avenir économique stable et prospère pour la Tunisie.