Le directeur général de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies, Claver Gatete, a qualifié l’infrastructure financière mondiale actuelle de dépassée et injuste, et a appelé à des réformes pour remédier aux disparités économiques qui affectent l’Afrique.
Gatete, originaire du Rwanda, a fait ces remarques lors de la 46e session ordinaire du Conseil exécutif de l’Union africaine à Addis-Abeba, mercredi 12 février 2025. « L’architecture financière mondiale actuelle est dépassée, inéquitable et injuste, et doit être réformée pour être adaptée à ses objectifs. Nous devons plaider en faveur d’une restructuration de la dette qui permette aux pays africains d’investir dans leur population et leur développement, au lieu de payer des taux d’intérêt exorbitants », a souligné le secrétaire exécutif.
Les disparités économiques et la sous-représentation de l’Afrique
Gatete a souligné que, même si l’Afrique possède 30% des réserves minérales mondiales, dont 40% de son or et jusqu’à 90% de son chrome et de son platine, le continent représente moins de 3% du commerce mondial et seulement 1% de la production manufacturière mondiale.
Il a également noté qu’en 2023, le commerce intra-africain ne représentait que 16%, contre 68% pour le commerce intra-européen. « Ces disparités ne sont pas dues à un manque de potentiel économique, mais à des barrières structurelles bien ancrées qui maintiennent l’Afrique dans un cycle de dépendance économique », a expliqué Gatete.
Il a également souligné l’injustice dans la représentation de l’Afrique au sein des institutions financières internationales, affirmant que l’ensemble du continent, avec ses 54 nations, dispose d’une participation au Fonds monétaire international (FMI) égale à celle de l’Allemagne.
Propositions pour une Afrique plus forte dans le système économique mondial
Pour répondre à ces problèmes, Gatete a proposé un certain nombre de domaines d’action, notamment la réforme de l’architecture financière mondiale actuelle, la restructuration de la dette et la réforme des institutions financières internationales pour garantir que l’Afrique ait une voix plus forte dans l’élaboration des politiques économiques mondiales.
Il a également souligné l’importance de créer une agence de notation de crédit dirigée par l’Afrique pour fournir des évaluations équitables qui représentent avec précision les réalités économiques du continent.
En août dernier, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé à des réformes du Conseil de sécurité, qualifiant sa structure actuelle d’obsolète. Il a déclaré que « l’Afrique est sous-représentée dans les structures de gouvernance mondiale – du Conseil de sécurité aux institutions financières internationales – mais surreprésentée dans les défis que ces structures sont censées relever. Les conflits, les situations d’urgence et les divisions géopolitiques ont un impact démesuré sur les pays africains ».