Selon la note Impacts économiques de la nouvelle politique étrangère américaine : focus sur la Tunisie publiée en février 2025 et réalisée par l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), la réélection de Donald Trump et son approche protectionniste risquent de renforcer les pressions économiques sur la Tunisie, notamment via l’augmentation des coûts d’importation et l’impact sur la balance commerciale.
Selon cette note, l’appréciation du dollar a déjà un effet tangible sur l’économie tunisienne, en particulier sur les prix des matières premières et de l’énergie. En 2024, les coûts de l’énergie ont augmenté de 18 %,. Tandis que les produits alimentaires ont connu une hausse de 12 %. Ces hausses exacerbent la crise du pouvoir d’achat pour les ménages tunisiens, déjà fragilisés par une économie tendue.
L’inflation importée réduit la capacité de consommation des Tunisiens, un secteur essentiel pour stimuler l’économie locale.
Parallèlement, la dépréciation du dinar face au dollar complique la gestion des finances publiques, augmentant le fardeau de la dette extérieure et limitant les marges budgétaires du gouvernement.
Commerce extérieur : les secteurs clés sous pression
La politique protectionniste des États-Unis, combinée à l’augmentation du coût des matières premières, pèse lourdement sur certains secteurs stratégiques de l’économie tunisienne, notamment le textile et l’agroalimentaire. Ces deux industries dépendent fortement des importations, notamment de coton, teintures et équipements pour le textile, ainsi que de céréales et d’huiles végétales pour l’agroalimentaire.
L’augmentation des coûts de ces produits rend les entreprises tunisiennes moins compétitives sur les marchés internationaux.
Le commerce extérieur tunisien, qui repose en grande partie sur des transactions libellées en dollars (environ 60 %), souffre également de la hausse des coûts d’importation. Les exportations de textiles, notamment les jeans et d’huile d’olive, pourraient être particulièrement affectées par l’augmentation des droits de douane prévue par la politique commerciale de Trump.
Investissements directs étrangers : un repli inquiétant
L’incertitude économique mondiale et la politique de rapatriement massif des capitaux sous l’administration Trump ont conduit à une baisse significative des investissements directs étrangers (IDE) en Tunisie, avec une prévision de diminution de 15 % en 2025. Les secteurs tels que le textile et l’agroalimentaire, déjà fragilisés par l’augmentation des coûts d’importation, risquent de subir des pertes supplémentaires en raison de cette baisse des IDE, qui érode le tissu économique local.
Les fluctuations du prix du pétrole : avantages et risques
L’augmentation de la production pétrolière américaine a contribué à une pression à la baisse sur les prix du pétrole, avec des prévisions de stabilisation autour de 70 USD le baril en 2024. Si cette dynamique peut bénéficier à la Tunisie en réduisant sa facture énergétique, elle présente également des risques. Une baisse prolongée des prix du pétrole pourrait réduire les excédents budgétaires des pays du Golfe, affectant ainsi les transferts financiers et les investissements en Tunisie. Ces changements pourraient entraîner des coupes budgétaires dans les pays producteurs de pétrole, touchant particulièrement les travailleurs tunisiens expatriés dans ces régions.
Aide internationale : réduction des financements cruciaux
La diminution des budgets alloués aux programmes d’aide américains, notamment via l’USAID, pourrait ralentir plusieurs projets de développement en Tunisie. Ces fonds ont traditionnellement soutenu des initiatives dans des secteurs essentiels comme l’éducation, la gouvernance et les infrastructures. La réduction de ces ressources, amorcée sous la présidence de Trump, fragilise encore davantage les projets en cours et accroît la dépendance de la Tunisie à d’autres sources de financement.
Cependant, l’administration Trump mise aussi sur des initiatives comme « Prosper Africa », visant à stimuler les investissements privés américains en Afrique. Bien que la Tunisie ne soit pas une priorité du programme, le pays pourrait bénéficier indirectement de cette dynamique, notamment dans les secteurs de la technologie, des énergies renouvelables et de l’industrie manufacturière.
Tous les détails de cette étude seront disponibles dans le prochain numéro du magazine de L’Economiste maghrébin du 26 février 2024.