Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche nourrit le désordre et le fracas du monde. Pas un jour sans une déclaration tonitruante du chef de la première puissance mondiale. Difficile de suivre son rythme effréné qui semble nous menés tous dans le mur.
En attendant, son hyper-activisme cible certains des fondements de l’ordre international post Seconde Guerre mondiale et post guerre froide.
La guerre aux institutions multinationales et au droit international
Du désengagement de l’Accord de Paris sur le climat (pacte conclu entre les nations du monde pour lutter contre le changement climatique) au retrait de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les décisions de Donald Trump à son entrée à la Maison Blanche ont manifesté son rejet du multilatéralisme. Une posture qui s’inscrit dans la droite ligne de son premier mandat (2017-2021).
Les décisions de Donald Trump à son entrée à la Maison Blanche ont manifesté son rejet du multilatéralisme. Une posture qui s’inscrit dans la droite ligne de son premier mandat (2017-2021).
De l’ONU à l’OTAN en passant par l’OMC, les organisations internationales sont considérées comme des bureaucraties coûteuses et obsolètes. D. Trump préfère l’unilatéralisme et le bilatéralisme à travers lesquels il peut faire jouer le rapport de force et imposer la loi du plus fort.
Dans le même esprit, ses prises de positions sur la Palestine et l’Ukraine traduisent le même dédain pour les règles (juridiques) du jeu international : il fait fi de l’ordre juridique international dans lequel a vocation à s’inscrire le jeu des puissances. Il planifie ainsi un nettoyage ethnique à Gaza constitutif d’un crime de guerre et d’un crime contre l’humanité, comme s’il ne s’agissait que d’une opération de déblaiement…
La guerre au libre-échange commercial
Le libre-échange fait partie des fondements de l’ordre international moderne. Il est à la base du droit du commerce international, historiquement mû, non pas par la volonté de supprimer toute barrière, mais de les encadrer et de les réduire.
Ainsi, des traités bilatéraux et multilatéraux (à l’échelle internationale ou régionale) de libéralisation des échanges sont les instruments de la baisse des barrières douanières, de la réduction des obstacles non tarifaires et de la convergence des normes entre les États.
Fort du poids économique des Etats-Unis, Trump est obsédé à l’idée d’obtenir des accords plus avantageux avec ses « partenaires » commerciaux. Ces derniers sont confrontés à la perspective d’accords asymétriques et discriminatoires (hypothèse d’achats forcés), ainsi que de droits de douane imposés unilatéralement.
Or, plus protectionniste que jamais, D. Trump détruit le système commercial multilatéral (incarné sur le plan institutionnel par l’OMC). En effet, fort du poids économique des Etats-Unis, il est obsédé à l’idée d’obtenir des accords plus avantageux avec ses « partenaires » commerciaux. Ces derniers sont confrontés à la perspective d’accords asymétriques et discriminatoires (hypothèse d’achats forcés), ainsi que de droits de douane imposés unilatéralement.
En déclamant durant la dernière campagne présidentielle son amour pour le mot tarifs (droits de douane, le « plus beau mot du dictionnaire », a-t-il souligné), D. Trump montre (comme lors de son premier mandat) qu’il ne craint pas la perspective de guerres commerciales tous azimuts, y compris contre ses alliés stratégiques et historiques, canadiens et européens.
Les relations commerciales et d’investissement entre les Etats-Unis et l’UE sont les plus importantes au monde. Or, chaque année, les exportations européennes aux États-Unis représentent près de 500 milliards d’euros. Tandis que les pays européens importent environ 350 milliards de marchandises « made in USA ». Face au déficit commercial subi par les Etats-Unis, le président Trump a déclaré au lendemain de son investiture à la Maison Blanche que « l’Union européenne est très mauvaise pour nous. Elle ne va pas pouvoir éviter des droits de douane ».
La guerre aux migrants
… Un programme qui traduit une vision anxiogène, déshumanisante et contraire aux intérêts économiques des Etats-Unis, ce pays de migrants prétendument menacé par une invasion migratoire. Le mythe de la forteresse et la diabolisation de l’étranger sont au cœur de l’offensive réactionnaire qui submerge la démocratie américaine, les démocraties européennes.
Le néonationalisme de D. Trump revêt aussi une dimension humaine. « Nous allons arrêter l’invasion de nos frontières », a-t-il lancé lors d’un meeting à Washington, à la veille de son investiture. En campagne, il avait déjà exprimé cette obsession pour l’immigration : chasse aux 11 millions d’immigrés illégaux (y compris via des opérations de « remigration »), rétablissement de l’interdiction de voyager pour les ressortissants de certains pays musulmans, refus d’accueillir les réfugiés (à l’exception des chrétiens opprimés), remise en cause du principe de l’automaticité du droit du sol… Un programme qui traduit une vision anxiogène, déshumanisante et contraire aux intérêts économiques des Etats-Unis, ce pays de migrants prétendument menacé par une invasion migratoire. Le mythe de la forteresse et la diabolisation de l’étranger sont au cœur de l’offensive réactionnaire qui submerge la démocratie américaine, les démocraties européennes, et au-delà…