Le Baromètre de la santé des PME “MIQYES“, dans sa 7ème édition, a été présenté dans la matinée de mardi 18 février 2025 dans un hôtel de Tunis. Et ce, lors d’un forum organisé par la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT).
Pour commencer, le baromètre MIQYES nous apprend que 64,1 % des PME en Tunisie, en dépit de la conjoncture, ont réalisé un bénéfice en 2023; elles étaient 71 % en 2017. C’est donc une preuve de résilience dans un contexte international et national difficile. C’est ce qu’indique l’économiste Abdelkader Boudriga, qui a présenté et commenté ce baromètre, devant un parterre d’hommes d’affaires et de journalistes.
Effectué sur un échantillon de 502 PME de différents secteurs d’activité, le baromètre fait en revanche ressortir que plus de 31 % d’entre elles ont vu leur chiffre d’affaires régresser – elles 43,9 % en 2022 -; et ce, malgré une décélération de la croissance en 2023.
Pour maintenir leurs activités, les PME ont davantage investi (36,7 %). En effet, durant l’année 2023, moins d’une PME sur cinq a investi dans de nouvelles activités.
Dans le futur, seule une PME sur deux, envisage de s’engager dans de nouvelles activités, souligne le rapport.
Les femmes aux premières loges
Selon le baromètre de la santé des PME “MIQYES“, 71,2 % des PME dirigées par des femmes (12,2 % des PME sondées) ont réalisé un bénéfice en 2023.
Autres données livrées par l’enquête : les PME tunisiennes sont majoritairement locales (69 %) et 12 % seulement sont exportatrices. Dans ce cadre, le marché de l’UE constitue la destination principale des PME exportatrices (57 %, contre près de 70 % pour les exportations tunisiennes vers ce marché), suivie de l’Afrique du Nord (20 %).
On nous apprend également que les PME exportatrices se situent essentiellement dans les régions côtières.
Par ailleurs, l’enquête montre que la dynamique de la croissance des activités des PME est globalement tirée par le secteur privé face à une faible dynamique des marchés publics, en lien avec les difficultés macroéconomiques financières du pays et la politique de maîtrise des coûts et des frais de fonctionnement de l’acheteur public. Du coup, 23,9 % des PME disent avoir obtenu des nouveaux marchés avec le gouvernement (marchés publics). Mais plus de 59 % ont affirmé avoir décroché de nouveaux marchés privés.
Quid de l’accès au financement?
Le financement constitue un parcours du combattant pour la plupart des PME tunisiennes lesquelles considèrent que « l’accès aux financements est assez difficile, à l’exception du leasing qui demeure la source de financement la plus accessible pour 55,4 % des PME ». Et dans ce cadre, l’enquête montre que les PME qui opèrent à partir des régions intérieures sont les plus contraintes financièrement, notamment celles de la région du nord/centre-ouest.
Et selon M. Boudriga, « 48,6 % des PME tunisiennes se sont auto-exclues financièrement (aucune demande de financement), en raison d’un historique de refus des financements bancaires, mais, aussi, des limitations en lien avec les exigences des financements bancaires comparativement au leasing, en particulier ».
Emploi dans les PME
En dépit de ces difficultés, 54,4 % des PME affirment avoir embauché. Les estimations font état de 27 000 emplois nets créés en 2023. Même si ce nombre est inférieur à celui de 2022 et ceux de la période d’avant-Covid-19.
RSE et Green
D’après le Baromètre MIQYES, 36,1 % des entreprises interrogées assurent avoir au moins une initiative environnementale/RSE. « Toutefois, cet engagement est freiné par le manque de ressources financières et le manque de soutien gouvernemental ».
Globalement, nonobstant un contexte national et international on ne peut plus délicat, pas moins de « 60 % des PME se disent optimistes à l’égard de la situation économique de la Tunisie ».
Il est à noter que l’entrepreneuriat en Tunisie demeure fondamentalement une affaire de famille avec 73,4 % de PME familiales, comme le soulignera l’économiste.