C’est la question à 100 kopeks : pourquoi l’administration de Donald Trump préfère-t-elle discuter directement avec Vladimir Poutine sur la paix en Ukraine, tout en excluant les Européens et Kiev de la table des négociations ? La réponse coule de source. Selon l’ancien conseiller américain à la Sécurité nationale, John Bolton, l’actuel hôte de la Mison Blanche « préfère traiter avec les dictateurs plutôt que ses alliés ».
John Bolton a la rancune tenace. L’ancien conseiller à la Sécurité nationale du président Donald Trump – qui l’avait nommé à ce poste stratégique entre avril 2018 et septembre 2019 – vient de jeter un pavé dans la mare en avertissant que son ancien patron n’éprouve aucun scrupule à sacrifier l’Ukraine sur l’autel d’un rapprochement avec le maître du Kremlin, un homme à poigne qui le fascine et qu’il admire tant.
« Une proie facile »
Ainsi, au milieu de l’effervescence internationale qui précède la préparation d’éventuelles négociations relatives au règlement ukrainien – et alors que des hauts responsables russes et américains doivent se retrouver en Arabie saoudite pour des pourparlers destinés à rétablir les relations entre Moscou et Washington, en posant officiellement les prémices de négociations sur l’Ukraine et d’une rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump et que le même jour Emmanuel Macron accueille à Paris les dirigeants du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de l’Espagne, de l’Italie, de la Pologne, des Pays-Bas et du Danemark pour une « réunion d’urgence » portant sur l’Ukraine et l’implication des pays européens dans le processus de paix -, le 27e conseiller à la Sécurité nationale des Etats-Unis, qui aura réalisé la prouesse de tenir dix-sept mois aux côtés de Donald Trump à la Maison Blanche avant d’être éjecté comme un malpropre par son patron de l’époque, a affirmé que Donald Trump « préfère traiter avec les dictateurs plutôt que ses alliés », qu’il est « une proie facile pour Vladimir Poutine ». Et qu’il représente « un danger pour les Etats-Unis et pour le monde ».
Est-il surpris que l’administration Trump n’a manifestement pas l’intention d’inviter l’Europe à la table des négociations sur la guerre en Ukraine? John Bolton déclare que son ancien patron préfère négocier directement avec Poutine, « qui, lui aussi, rêve de ce tête-à-tête ».
« C’est la façon dont Trump fonctionne. Il préfère traiter avec Xi Jinping ou Vladimir Poutine qu’avec des amis ou des alliés », a-t-il insisté.
Capitulation
Revenant sur les négociations en cours pour une paix entre l’Ukraine et la Russie, dans lesquelles le républicain a promis un cessez-le-feu « très proche », John Bolton a indiqué lors d’un entretien accordé à CNN, jeudi 13 février, que le Kremlin boit de la vodka « directement à la bouteille ». Façon de dire que la Russie estime s’en sortir jusqu’ici comme la grande gagnante. « Le président Trump a effectivement capitulé devant Poutine avant même que les négociations n’aient commencé », a déclaré l’ancien « faucon » de la Maison Blanche.
« Poutine a remporté une victoire majeure contre les États-Unis, l’Otan et l’Ukraine cette semaine. Ce qui explique pourquoi il n’a pas négocié avec Biden ou Zelensky. Il a attendu de négocier avec Trump parce qu’il pensait que le Kremlin obtiendrait plus d’avantages d’un accord avec Trump. Et il avait absolument raison », se désole l’ancien ambassadeur à l’ONU sous la présidence de George W. Bush.
Et d’expliquer dans une série de posts sur X, jeudi 13 février : « J’ai prévenu à plusieurs reprises que Trump favoriserait la Russie dans les négociations entre Zelensky et Poutine ». Tout en ajoutant que « les dommages causés aux intérêts sécuritaires des États-Unis s’étendront bien au-delà de l’Europe centrale, comme nos adversaires au Moyen-Orient et dans la région indo-pacifique peuvent le constater », a-t-il ainsi prédit.
Echange d’amabilités
Au final, il est fort à parier que l’ancien conseiller à l’épaisse moustache blanche – qui avait déjà écrit un ouvrage en 2020 pour étriller le président, lequel avait décidé à l’époque de lui retirer la protection réservée aux hautes personnalités alors qu’il qui se disait menacé d’assassinat par l’Iran – règle des anciens comptes avec son ancien patron qu’il qualifiait déjà dans son ouvrage, The Room Where It Happened de « ne pas être très intelligent, fasciné par les autocrates et obsédé par sa réélection en novembre, au risque de mettre en danger la sacro-sainte sécurité nationale des Etats-Unis ».
Réaction élégante de l’ex-magnat de l’immobilier : « Malade, dingo, andouille, incompétent ». Ainsi pestait Donald Trump sur son compte X présidentiel en ironisant sur cet « idiot ennuyeux et aigri qui voulait seulement déclencher une guerre ». Des échanges entre le président des Etats-Unis et son ancien bras droit qui brillent par la courtoisie et les bonnes manières…