Le 19 février 2025, Tunis a accueilli la 16e édition de l’Africa Banking Forum, un rendez-vous incontournable pour les acteurs financiers du continent. Lors de cet événement, Habib Karaouli, PDG de Cap Bank, a délivré une intervention remarquée sur l’intégration bancaire comme levier stratégique pour accompagner la mise en œuvre de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf).
Dès l’entame de son discours, Habib Karaouli a mis en avant la dynamique économique du continent. En 2024, l’Afrique a enregistré un taux de croissance de 3,2 % et les projections de la Banque Africaine de Développement (BAD) tablent sur une augmentation à 4,1 % en 2025, puis à 4,4 % en 2026. Toutefois, cette croissance reste inégale, avec certains pays connaissant une expansion supérieure à 5 %, comme le Sénégal qui atteindrait 9,3 %.
Malgré ces perspectives encourageantes, M. Karaouli a souligné plusieurs risques majeurs menaçant la stabilité économique, notamment l’endettement des États, l’inflation qui dépasse 18 % dans plusieurs pays et le risque climatique, qu’il qualifie de « systémique » pour les économies africaines.
Une intégration bancaire indispensable pour la ZLECAf
Dans ce contexte, l’intégration bancaire apparaît comme un enjeu crucial pour soutenir les ambitions de la ZLECAf. Le secteur bancaire africain, bien que résilient et en constante mutation, doit encore renforcer sa capacité à financer les investissements et les infrastructures nécessaires à l’intégration économique. M. Karaouli rappelle que les 100 premières banques africaines ne représentent que 18,2 % du bilan total de la première banque mondiale, l’Industrial and Commercial Bank of China, illustrant ainsi le défi de taille auquel fait face le secteur.
Il met également en exergue l’émergence de champions bancaires régionaux comme Ecobank, BOA, Standard Bank et Coris Bank, qui participent activement à l’intégration financière. Toutefois, il déplore que seulement 15 banques centrales aient adhéré au système de paiement et de réglement panafricain (PASS) mis en place par l’Afreximbank, alors que la ZLECAf compte 54 pays membres.
Harmoniser les régulations pour accélérer l’intégration
Pour accélérer l’intégration bancaire, Karaouli insiste sur la nécessité d’une convergence des régulations financières entre les pays. Actuellement, l’Afrique compte 42 banques centrales et plusieurs cadres réglementaires distincts, rendant difficile une uniformisation des pratiques. L’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA), qui regroupe 17 pays, est citée comme un modèle de réussite à généraliser.
L’intervenant met également en avant l’importance de créer davantage de banques panafricaines capables de financer des projets d’infrastructure d’envergure et d’accroître le taux de bancarisation, qui reste inférieur à 50 % sur le continent. « Plus il y aura une convergence des régulations, plus nous accroîtrons nos chances de travailler ensemble pour une intégration réussie », conclut-il.
Message clé : renforcer l’intégration bancaire
L’intervention de Habib Karaouli au Forum Africa Banking 2025 a mis en lumière l’urgence et l’importance de renforcer l’intégration bancaire pour répondre aux défis économiques du continent et accompagner la mise en œuvre de la ZLECAf. Une meilleure coordination réglementaire, l’émergence de champions bancaires africains et l’adoption de systèmes de paiement unifiés seront des leviers décisifs pour faire de l’Afrique un espace économique plus intégré et attractif pour les investissements.