La Tunisie se trouve aujourd’hui au bord d’une crise économique et financière majeure, avec un risque imminent de défaut de paiement, une inflation galopante et une dette publique insoutenable. Si des mesures drastiques ne sont pas prises rapidement, le pays pourrait sombrer dans une spirale de déclin économique, avec des conséquences sociales et politiques désastreuses. La situation est d’autant plus critique que les sources de financement extérieures se tarissent, que le dinar tunisien est sous pression et que le secteur bancaire est fragilisé par son exposition à la dette publique. Sans une intervention urgente, la Tunisie pourrait connaître un effondrement économique similaire à celui du Liban, avec des répercussions profondes et durables.
Il s’agit des grandes lignes d’un article intitulé « الاقتصاد التونسي في عين العاصفة« (L’économie tunisienne dans l’œil du cyclone), co-écrit par le chercheur Hamza Meddeb, l’économiste Hechmi Alaya et l’économiste Ishac Diwan, et publié par le think tank Carnegie. L’article original, rédigé en arabe, offre une évaluation approfondie des défis économiques auxquels la Tunisie est confrontée.
Une dette publique insoutenable et des déficits records
La dette publique tunisienne a atteint des niveaux alarmants, dépassant 100 % du PIB en 2023. Les déficits budgétaires se sont creusés en raison de dépenses sociales élevées et de subventions coûteuses, notamment pour l’énergie et les produits de base. Cette politique expansionniste a été financée par un recours massif à l’emprunt intérieur, notamment auprès des banques locales et de la Banque centrale, ce qui a fragilisé le système financier.
Inflation et stagnation économique
L’inflation a atteint un niveau record de 9,3 % en 2023, érodant le pouvoir d’achat des ménages. Parallèlement, la croissance économique a stagné à 0,4 %, l’une des plus faibles en une décennie. La consommation des ménages et les investissements privés ont chuté en raison de la détérioration des conditions sociales et économiques, aggravée par un climat des affaires défavorable.
Dépendance accrue à l’emprunt intérieur
Avec l’épuisement des sources de financement extérieures, la Tunisie s’est tournée vers l’emprunt intérieur, notamment auprès des banques locales et de la Banque centrale. Cela a entraîné une concurrence pour le financement du secteur privé, affaiblissant davantage l’économie. Les banques tunisiennes sont désormais fortement exposées à la dette publique, ce qui les rend vulnérables en cas de défaut de l’État.
Les risques d’une crise financière imminente
La Tunisie risque de ne pas pouvoir refinancer sa dette extérieure, ce qui pourrait entraîner un défaut de paiement. Les réserves de devises étrangères s’épuisent rapidement, mettant en péril la stabilité du dinar tunisien. Une dévaluation de la monnaie pourrait aggraver la situation en augmentant le coût de la dette extérieure et en accélérant l’inflation.
Les banques tunisiennes, fortement exposées à la dette publique, pourraient faire face à des pertes massives en cas de défaut de l’État. Une dévaluation du dinar aggraverait cette situation, risquant de provoquer une crise de confiance et une fuite des dépôts.
La détérioration des conditions économiques a entraîné une hausse du chômage, notamment chez les jeunes et les diplômés, et une baisse des salaires réels, augmentant les tensions sociales. Le gouvernement est confronté à des choix difficiles pour répartir les pertes économiques parmi la population, ce qui pourrait exacerber les divisions politiques.
Une situation qui appelle une action urgente
La Tunisie est confrontée à une crise économique et financière sans précédent, marquée par une dette insoutenable, une inflation élevée et une croissance atone. Pour éviter un effondrement, des réformes structurelles audacieuses et un soutien international sont nécessaires. Cependant, les choix politiques actuels, notamment le refus de collaborer avec le FMI, rendent la situation encore plus complexe et risquée. Sans action urgente, le pays pourrait sombrer dans une crise profonde, avec des conséquences désastreuses pour sa population et son avenir.