La Tunisie, longtemps un carrefour de cultures, se retrouve aujourd’hui au cœur d’une crise migratoire. Les migrants subsahariens, attirés par l’Europe, se voient bloqués dans un pays qui refuse d’être un point de transit. Mais que se passe-t-il lorsque les frontières sont sécurisées, mais pas étanches? La Tunisie risque-t-elle de devenir un centre de rétention temporaire, menaçant sa paix sociale et sa sécurité publique? Le dilemme est posé : comment concilier la souveraineté nationale avec les aspirations des migrants?
Elyes Kasri, ancien ambassadeur et analyste politique a présenté son point de vue partant du constat que la déclaration selon laquelle la Tunisie ne sera pas un pays de transit pour les vagues de migrants en provenance d’Afrique subsaharienne ne sera crédible que si les autorités tunisiennes sécurisent efficacement leurs frontières pour empêcher l’entrée clandestine de ces groupes. Il souligne à cet effet que cela implique une complicité des pays de transit, notamment la Libye et l’Algérie, qui séparent la Tunisie des pays d’origine en Afrique subsaharienne.
Il précise dans ce contexte : « Le fait de ne pas permettre aux migrants subsahariens de quitter la Tunisie pour se rendre en Europe tout en ne pouvant pas empêcher leur entrée transforme la Tunisie en un centre de rétention temporaire qui pourrait se transformer en un établissement non souhaité. Cela pourrait entraîner une diversification des races, l’importation de mentalités et de conflits tribaux; ainsi que des phénomènes de violence et de terrorisme. En plus de diverses épidémies et maladies dues au manque de soins de santé. »
Avant d’ajouter : « Les phénomènes dont certaines régions de la Tunisie se plaignent pourraient s’aggraver et leurs conséquences sur la paix sociale, la sécurité publique et la santé publique pourraient s’accroître. »
Il conclut : « En cas d’incapacité à fermer les frontières nationales face à l’immigration irrégulière, les accords internationaux visant à empêcher ces groupes de quitter le pays pourraient finalement causer un préjudice important à la Tunisie et lui valoir le soupçon de donner la priorité aux intérêts des pays européens que les migrants africains visent. Et ce, au détriment des intérêts supérieurs de la Tunisie, tant sur le plan interne qu’externe, en termes de sécurité, de stabilité nationales, de réputation et d’intérêts en Afrique et dans le reste du monde. »